Les dirigeants de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) se réunissent cette semaine du 26 au 28 octobre pour leur sommet annuel, dont le chef de la junte militaire de Birmanie a été exclu. Ce pays a d’ailleurs a protesté de manière provocante contre l’exclusion du sommet de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est du général Min Aung Hlaing, qui dirige actuellement son gouvernement et le conseil militaire au pouvoir.
Brunei, qui dirige actuellement le bloc de 10 nations, accueillera les réunions de trois jours qui débuteront mardi par vidéo, en raison de préoccupations liées au coronavirus. Le président Joe Biden et les dirigeants de la Chine et de la Russie se joindront aux discussions, qui devraient porter sur l’aggravation de la crise en Birmanie et sur la pandémie, ainsi que sur des questions de sécurité et d’économie.
Sanctions sans précédent
Les sanctions sans précédent prises par l’ASEAN à l’encontre de la Birmanie s’écartent de ses principes fondamentaux de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays et de prise de décision par consensus, ce qui signifie qu’un seul membre peut effectivement rejeter une décision collective. La Birmanie a invoqué la violation de ces principes inscrits dans la charte du groupe pour rejeter la décision d’exclure son chef militaire du sommet.
Mais le groupe régional n’a guère d’autres options, car l’intransigeance du général risque d’entacher davantage son image de refuge diplomatique pour certains des tyrans les plus intraitables d’Asie.
Un haut diplomate de l’ASEAN, qui a participé le 15 octobre à une réunion d’urgence au cours de laquelle les ministres des affaires étrangères ont décidé de repousser la Birmanie, a déclaré que ces deux principes lient le bloc mais “ne le paralyseront pas”. Le diplomate a qualifié la réponse plus énergique de l’ASEAN de “changement de paradigme”, mais a ajouté que ses principes conservateurs seraient probablement maintenus.
“Dans des cas graves comme celui-ci, lorsque l’intégrité et la crédibilité de l’ASEAN sont en jeu, les États membres, voire les dirigeants et les ministres, ont toute latitude pour agir”, a déclaré le diplomate, qui s’est exprimé à l’Associated Press sous couvert d’anonymat en raison de son manque d’autorité pour discuter publiquement de ces questions.
Au lieu du général en chef birman, le diplomate chevronné le plus haut placé du pays, Chan Aye, a été invité au sommet en tant que représentant “apolitique” du pays. On ignore encore si Chan Aye sera présent.
Plan d’urgence en cinq points
Les dirigeants de l’ASEAN se sont mis d’accord sur un plan d’urgence en cinq points lors d’une réunion d’urgence en avril en Indonésie, à laquelle a participé Min Aung Hlaing. Ils ont demandé l’arrêt immédiat des violences et l’ouverture d’un dialogue sous la médiation d’un envoyé spécial de l’ASEAN, qui devrait être nommé par le président de l’ASEAN. Mais les militaires ont ensuite refusé à plusieurs reprises de permettre à l’envoyé de rencontrer Suu Kyi et d’autres détenus politiques dans une impasse qui met à l’épreuve le bloc régional.
L’ASEAN a admis la Birmanie en 1997 en dépit de l’intense opposition des États-Unis et des pays européens, qui invoquaient alors la répression de la démocratie et des droits de l’homme par la junte militaire. Les autres membres du bloc sont le Brunei, le Cambodge, l’Indonésie, le Laos, la Malaisie, les Philippines, Singapour, la Thaïlande et le Vietnam.
Remerciements à Michel Prevot