La nouvelle de l’arrestation d’Aung San Suu Kyi ce lundi 1er février à l’aube est désormais confirmée. La dirigeante birmane et d’autres personnalités du parti au pouvoir ont été arrêtées lors d’une intervention militaire matinale. Cette décision intervient après des jours de tension croissante entre le gouvernement civil et les puissants militaires, qui ont fait craindre un coup d’État au lendemain d’une élection que l’armée qualifie de frauduleuse. Gavroche avait relaté le contexte ces jours ci dans une très complète chronique de François Guilbert que vous pouvez retrouver ici.
Le porte-parole Myo Nyunt a déclaré que Suu Kyi, le président Win Myint et d’autres dirigeants avaient été “pris” aux petites heures du matin.
“Je veux dire à notre peuple de ne pas réagir de manière irréfléchie et je veux qu’il agisse conformément à la loi”, a-t-il déclaré, ajoutant qu’il s’attendait également à être détenu.
“Avec la situation que nous voyons se produire maintenant, nous devons supposer que les militaires préparent un coup d’Etat”, aurait également déclaré Myo Nunt
Les lignes téléphoniques vers Naypyitaw, la capitale, n’étaient pas joignables aux premières heures du lundi. Le Parlement devait commencer à y siéger lundi, après une élection de novembre que la LND avait remportée à une large majorité.
Prix Nobel de la paix
Le prix Nobel de la paix Suu Kyi, 75 ans, est arrivé au pouvoir après une victoire électorale écrasante en 2015 qui a suivi des décennies d’assignation à résidence dans une lutte pour la démocratie qui a fait d’elle une icône internationale.
Sa réputation internationale a été ternie par le fait que des centaines de milliers de Rohingyas ont fui les opérations militaires pour se réfugier dans l’État de Rakhine, à l’ouest du Myanmar, en 2017, mais elle reste extrêmement populaire dans son pays.
La LND a remporté une victoire écrasante lors des élections de novembre dernier, martelant un parti pro-militaire.
L’armée du Myanmar avait déclaré samedi qu’elle protégerait et respecterait la constitution et qu’elle agirait conformément à la loi, après que des commentaires formulés plus tôt dans la semaine aient fait craindre un coup d’État.
La constitution réserve 25 % des sièges du Parlement aux militaires et ces derniers contrôlent trois ministères clés de l’administration de Suu Kyi. Laquelle envisageait de réformer la constitution pour accroitre la domination des civils.