Les birmans ont un endroit de moins pour accéder aux informations après que le journal San Taw Chain, ou Standard Times, a annoncé que ses publications imprimées et en ligne allaient temporairement cesser en raison des perturbations des communications et de la distribution. Ce journal est le dernier organe de presse privé à suspendre ses activités. Quatre autres médias privés, dont le Myanmar Times en langue anglaise, ont annoncé qu’ils suspendaient leurs publications depuis le coup d’État militaire du 1er février.
Le 8 mars, les militaires ont révoqué les licences de cinq organisations, dont Myanmar Now, Khit Thit Media, Mizzima et Democratic Voice of Burma.
Toutes avaient fait des reportages sur la situation actuelle en Birmanie après que les militaires ont renversé le gouvernement civil sur la base d’allégations non prouvées de fraude électorale et arrêté les hauts dirigeants du parti de la Ligue nationale pour la démocratie, dont Aung San Suu Kyi.
Deux quotidiens d’État, la radio-télévision d’État Myanmar et Myawaddy TV, gérée par les militaires, sont toujours en activité.
Les groupes internationaux de défense des droits ont condamné la décision de l’armée de suspendre les licences des organes de presse.
“La révocation des licences des médias indépendants qui fournissaient des informations essentielles sur les événements en cours dans le pays est une mesure draconienne qui équivaut à une censure directe et viole les droits fondamentaux et les normes internationales que le Myanmar s’est engagé à respecter”, a déclaré Barbara Trionfi, directrice exécutive de l’Institut international de la presse, basé à Vienne, dans un communiqué.
L’organisation Reporters sans frontières (RSF), basée à Paris, a appelé l’ONU à prendre des mesures.
Conseil de sécurité de l’ONU
“Le Conseil de sécurité de l’ONU ne doit pas perdre de temps pour trouver un accord afin de sanctionner les commandants de la junte au pouvoir et couper court à leur escalade vers l’élimination complète de la liberté de la presse”, a déclaré Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF, dans un communiqué.
Cette semaine, l’ONU a exprimé son inquiétude face à l’augmentation de la violence au Myanmar, indiquant qu’au moins 149 personnes ont été tuées depuis le 1er février, dont au moins 11 lundi et 57 pendant le week-end.
37 journalistes arrêtés
Au moins 37 journalistes ont été arrêtés, dont 19 sont toujours en détention, a indiqué l’ONU, ajoutant que l’accès à l’information continue d’être menacé par le recours accru à la loi martiale ainsi que par les “blocages des communications imposés par l’État”.
Le chef de l’équipe de presse du Conseil administratif d’État du Myanmar, le général de brigade Zaw Min Tun, a déclaré lors d’une conférence de presse le 11 mars que les militaires “respectent et apprécient la liberté des médias” et n’ont arrêté que les journalistes qui incitaient à l’agitation.