Des manifestants anti-coup d’État au Myanmar ont symboliquement brûlé des copies de la constitution du pays ce week-end, alors qu’un groupe de législateurs déchus a annoncé la formation d’un nouveau gouvernement civil pour contrer la junte militaire au pouvoir. Le gouvernement rebelle, appelé Comité de représentation du Pyidaungsu Hluttaw, est composé de membres de la Ligue nationale pour la démocratie d’Aung San Suu Kyi, leader de facto destitué, qui ont été élus en novembre mais n’ont pas été autorisés à siéger après que les militaires ont arrêté Suu Kyi et remplacé le gouvernement civil le 1er février.
Ce nouveau gouvernement, le CRPH, a annoncé une nouvelle constitution fédérale pour remplacer celle rédigée par les militaires en 2008, qui a apporté la démocratie au Myanmar après cinq décennies tout en maintenant le pouvoir et l’influence de l’armée sur tout gouvernement civil. La constitution rédigée par le CRPH a été écrite pour répondre aux demandes de longue date des groupes ethniques régionaux du Myanmar, qui luttent depuis des décennies pour une plus grande autonomie.
Ethnie Karen
La violente répression de la junte contre les opposants à la démocratie au Myanmar s’est étendue ces derniers jours aux rebelles ethniques, qui se rangent du côté des manifestants. L’armée a lancé des frappes aériennes contre les rebelles de l’ethnie Karen dans l’est du Myanmar en réponse aux attaques des rebelles contre des postes militaires et de police. Ces frappes aériennes ont poussé des milliers de personnes à fuir à travers la jungle et la frontière vers la Thaïlande voisine.
Bain de sang imminent
L’aggravation de la situation a incité Christine Schraner Burgener, l’envoyée spéciale des Nations unies pour la Birmanie, à avertir le Conseil de sécurité mercredi qu’un “bain de sang est imminent” et qu’il existe une “possibilité croissante de guerre civile” dans le pays si le gouvernement civil n’est pas rétabli.
L’Association d’assistance aux prisonniers politiques, une organisation non gouvernementale, estime que plus de 550 personnes ont été tuées par la junte depuis le début des manifestations pacifiques, dont plus de 100 manifestants – parmi lesquels de nombreuses femmes et des enfants – samedi dernier lors de la célébration annuelle de la Journée des forces armées. Plus de 2 700 personnes ont été arrêtées, inculpées ou condamnées.