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BIRMANIE – RAPPORT ONU: Une enquête dissèque le pouvoir de l’armée birmane

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 05/08/2019
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Gavroche vous apporte en temps réel les informations clefs sur l’Asie du sud-est. La Mission internationale indépendante d’établissement des faits au Myanmar vient de rendre public son rapport de 111 pages sur les forces armées du Myanmar et le vaste réseau de sociétés qu’elle contrôle. Selon l’ONU, cette emprise économique des militaires birmans « renforcent considérablement leur capacité à commettre des violations flagrantes des droits de l’homme en toute impunité ». A lire en exclusivité ici.

 

Pour la première fois, un rapport complet des Nations unies indique en détail dans quelle mesure l’armée du Myanmar a utilisé ses propres activités, entreprises étrangères et accords de vente d’armes pour soutenir des opérations brutales contre des groupes ethniques constituant des crimes graves au regard du droit international, en contournant la surveillance civile et en évitant de rendre des comptes.

 

Selon la mission des experts indépendants de l’ONU, auteure du rapport, le Conseil de sécurité des États-Unis et les États Membres doivent immédiatement imposer des sanctions ciblées aux entreprises dirigées par l’armée, connue sous le nom de «Tatmadaw».

 

Embargo sur les armes

 

La Mission demande également l’imposition d’un embargo sur les armes, citant au moins 14 entreprises étrangères de sept pays qui fournissent des avions de combat, des véhicules de combat blindés, des navires de guerre, des missiles et des lanceurs de missiles en Birmanie depuis 2016. Au cours de cette période, l’armée a systématiquement violé les droits de l’homme contre des civils dans les États de Kachin, Shan et Rakhine, procédant notamment à l’expulsion forcée de plus de 700 000 personnes vers le Bangladesh.

 

« La mise en œuvre des recommandations figurant dans le présent rapport érodera la base économique de l’armée, entravera son processus de réforme, entravera sa capacité à mener des opérations militaires sans surveillance et réduira ainsi les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire comme une forme de responsabilité à court terme », a déclaré le président de la mission, Marzuki Darusman.

 

Entreprises opaques

 

Le rapport de la mission onusienne expose deux des entreprises les plus opaques du Myanmar, Myanmar Economic Holdings Limited (MEHL) et Myanmar Economic Corporation (MEC), toutes deux détenues et influencées par de hauts responsables militaires. Parmi eux se trouvent le général en chef Min Aung Hlaing – objet de sanctions décrétées par les États-Unis – et le général en chef Soe Win, vice-commandant en chef. Tous deux sont passibles, pour les auteurs du rapport, d’une enquête et de poursuites pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre.

 

MEHL et MEC possèdent au moins 120 entreprises dans les domaines de la construction, de la pharmacie, de la fabrication, de l’assurance, du tourisme et de la banque. Les deux sociétés, avec au moins 26 de leurs filiales, sont titulaires de licences d’exploitation de jade et de rubis dans les États de Kachin et Shan. Dans le nord du Myanmar, l’armée birmane a commis des violations du droit international des droits de l’homme et du droit humanitaire, notamment du travail forcé et des violences sexuelles, dans le cadre de leurs activités commerciales.

 

«Compte tenu de l’ampleur de la participation de Tatmadaw à l’extraction de jade et de rubis dans le nord du Myanmar, les entreprises et les consommateurs doivent faire preuve d’une vigilance accrue pour garantir », explique Radhika Coomaraswamy, experte de la mission.

 

Des milliers de civils rohingyas tués et violés

 

Le rapport d’enquête fait suite aux recommandations formulées par les experts de la Mission l’an dernier après avoir révélé la façon dont les forces armées de Birmanie avaient violé les droits de l’homme de groupes ethniques dans l’ensemble du pays. Le rapport de 2018 portait essentiellement sur les «opérations de déminage» contre les Rohingya dans l’État de Rakhine, qui ont débuté le 25 août 2017, lorsque les forces de sécurité ont tué des milliers de civils rohingyas, violé et abusé sexuellement des femmes et des filles, et incendié leurs villages.

 

Le rapport de 111 pages, publié lundi à Genève, contient cinq annexes qui répertorient les entreprises militaires et les entreprises étrangères et nationales qui contribuent à ou profitent de la Tatmadaw et de ses opérations.

 

Dix millions de dollars

 

Le rapport détaille comment 45 entreprises et organisations du Myanmar ont donné plus de 10 millions de dollars à l’armée dans les semaines qui ont suivi le début des opérations de déminage en 2017 dans l’État de Rakhine. Des «sociétés de copinage» ayant des liens étroits avec la Tatmadaw ont par la suite financé des projets de développement dans l’État de Rakhine, qui poursuivaient «l’objectif de l’armée de réorganiser la région de manière à effacer les preuves de l’appartenance des Rohingyas au Myanmar».

 

Pour en savoir plus: télécharger ici le rapport complet (en anglais)

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