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BIRMANIE – SANTÉ : Un désastre politique et sanitaire qui menace la région, telle est la situation en Birmanie

Journaliste : François Guibert
La source : Gavroche
Date de publication : 01/08/2021
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Un cri d’alarme. Une analyse qui refuse de céder à l’indifférence qui s’installe, malgré les dégâts colossaux engendrés par la situation en Birmanie. Notre analyste François Guilbert redit, dans une chronique à lire absolument, la gravité de ce qui se passe sous le régime militaire Birman, en place depuis le 1er février.

 

Une analyse de François Guilbert

 

Le régime militaire accentue le ralentissement économique et aggrave la situation sanitaire.

 

Les unes après les autres, les agences de notation et les organisations internationales dépeignent au rythme de leurs rapports périodiques une situation birmane toujours plus sombre. Les projections économiques pour l’année fiscale 2021 de la Banque mondiale, annoncées en début de semaine, sont ainsi passées en six mois d’un taux de croissance anticipé de + 5,9 % en janvier à aujourd’hui – 18 %. Si la 3ème vague de COVID-19 qui frappe actuellement la Birmanie est perçue avec une grande inquiétude par tous les conjoncturistes, c’est le coup d’état militaire du 1er février qui est jugé comme étant le principal responsable de la pire récession enregistrée depuis l’indépendance en 1948. Ce constat ne fait même l’objet d’aucun débat tant la junte ne semble pas à la hauteur des crises auxquelles elle doit fait face.

 

1,2 million d’emplois détruits

 

En un semestre de pouvoir militaire, pas moins de 1,2 million d’emplois a été détruits. Tous les secteurs ont été touchés, l’industrie, les services mais également l’agriculture. Concrètement pour les ménages, il s’agit ni plus ni moins que de la disparition de 7 % de l’emploi féminin national et 6 % de l’emploi masculin. Conséquence de cette spirale vers le bas, la pauvreté s’envole, en zone urbaine comme en zone rurale. D’ici le début de l’année 2022, elle aura doublé ; ramenant le pays là où il était il y a 15 ans. Cette situation déjà dramatique est susceptible de s’aggraver encore, tant le coronavirus est insuffisamment combattu par la junte, faute de moyens mobilisés mais également de confiance de la Nation dans l’appareil d’État. Ce ne sont pas les propos du général Min Aung Hlaing dénonçant le 12 juillet, contre toute évidence, l’absence de problèmes d’approvisionnements en oxygène des patients et blâmant la population pour sa panique qui vont améliorer les choses.

 

Inquiétude généralisée

 

Les Birmans sont inquiets de leur avenir immédiat, comme du long terme. A titre d’exemple, près d’un quart des entreprises s’attendent à voir leurs chiffres d’affaires se contracter dans les trois mois à venir et à devoir licencier une fois encore. Au fil des mois, c’est toute une société qui a perdue confiance dans son futur. Il est vrai que ce qui lui ait promis sur le plan financier notamment n’est guère rassurant. L’inflation est appelée à s’accélérer disent les experts et la monnaie à se dévaluer alors qu’elle a déjà perdu 23 % de sa valeur en un semestre.

 

L’État lui-même va devoir se serrer la ceinture. Ses recettes ont fondu au moins d’un quart, soit plus que tout le dispendieux budget des forces armées et de la sécurité. A ce stade, Nay Pyi Taw n’explique pas comment elle va faire face à cette situation financière dégradée. Une chose est sûre, les 6 millions de Birmans qui avaient pu bénéficier des mesures compensatrices aux effets de la COVID-19 n’en profiteront plus. Il leur faudra même rembourser au plus vite les crédits qui leur ont été octroyés du temps du gouvernement civil. Sauf à creuser les déficits et la dette publique qui a déjà progressé de 14,7 % de la valeur du produit intérieur brut, la nouvelle année budgétaire qui s’ouvrira le 1er octobre 2021 s’annonce sous de bien mauvais auspices. Les investissements seront en berne et il faudra rogner sur les budgets ordinaires notamment ceux de la santé et de l’éducation qui ont toujours été peu prioritaires pour les chefs de l’armée, autant de perspectives qui n’offriront pas le moindre surcroît de légitimité à un Conseil d’administration de l’État (SAC) qui en manque déjà singulièrement.

 

Propagation accélérée de la pandémie

 

La crise politique générée par le retour des militaires au pouvoir n’a pas seulement aggravé la crise économique mais elle a conduit ces derniers temps à une propagation accélérée de la COVID-19 et de ses derniers avatars. Depuis le début des événements, de nombreux Birmans ont en effet dû trouver refuge dans les régions les plus reculées du pays, accélérant ainsi au fil des mois la diffusion de la maladie. On dénombre désormais plus de 200 000 personnes déplacées dont 101 000 dans l’État Kayah, 48 000 dans l’État Kayah, 13 000 dans l’État Chin, 8 000 dans l’État Kachin, 1 000 dans l’État Môn auxquels s’ajoutent les 5 400 de la région de Magway ou encore les 5 000 de la région de Sagaing. A ce décompte, il faut ajouter les 35 000 travailleurs émigrés, rentrés au pays sans emploi depuis février. Pour tous ces ressortissants birmans, l’accès au système de santé est encore plus problématique que dans le reste du pays. Quant aux groupes ethniques armés qui ont accueilli de nombreux nouveaux venus ou se trouvent à proximité des foyers infectieux les plus virulents, ils sont à la recherche de moyens d’endiguement et de soins.

 

Les pays voisins notamment la Chine et la Thaïlande s’inquiètent d’une situation susceptible de faire de la Birmanie un foyer de propagation pour toute la région mais les réponses médicales de ces États ne sont guère généreuses et pour tout dire bien éloignées de l’ampleur des défis constatés sur le terrain. Les mouvements de lutte armée ont donc recours à des expédients pour tenter de faire face. De nouvelles opérations de contrôle sanitaire, des campagnes de sensibilisation ont été lancées mais médicaments et vaccins font défaut. Si de-ci-delà, ils font leur apparition et peuvent être bien connus, comme le Sinovac diffusé en pays wa, d’autres le sont beaucoup moins à l’instar de l‘Adenovirus promu par la Shan Army (SSPP/SSA). Dans ce contexte, la priorité de Pékin qui octroie des vaccins pour que ceux-ci soient inoculés aux populations vivant au plus proche de ses frontières a peu de chance de constituer la barrière sanitaire espérée.

 

Services de réanimation débordés

 

En villes, l’accès aux soins n’est guère plus simple. Les hôpitaux n’ont plus de capacités d’accueil. Tous les services de réanimation sont débordés et manquent de personnels qualifiés. Dans la pratique, les familles doivent s’en remettre aux soins à domicile, difficiles à mettre en œuvre et bien souvent inopérants. Conséquence, ces derniers jours des familles touchées par la Covid-19 n’ont pas trouvé d’autres solutions que de hisser des drapeaux jaunes à leurs fenêtres pour indiquer qu’ils sont à l’isolement mais ont besoin de fournitures médicales voire de nourritures. Ces signes ostentatoires de l’incurie du régime instaurée par la Tatmadaw ne sont pas à son goût. Celui-ci s’emploie donc au travers de ses relais politico-administratifs désignés à faire retirer ces signaux de détresse « infamant » pour son image alors que la propagande s’emploie, a contrario, à démontrer quotidiennement que tout est fait pour venir en aide à ceux qui en ont besoin (ex. importation d’oxygène, donations de familles de militaires au ministère de la Santé, soins dans les hôpitaux des forces armées,…). Pire, il continue de à entraver ou pourchasser les structures caritatives qui cherchent à apporter leur aide, à commencer par celles qui peuvent employer des personnels de santé ayant fait le choix de poursuivre leurs actions de désobéissance civile. Il ne montre par ailleurs guère plus coopératif avec les organisations internationales (Global Fund, Organisation mondiale de la santé,…) qui pourtant souhaiterait œuvrer, au plus vite, au combat indispensable contre le coronavirus.

 

François Guilbert

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