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BIRMANIE – SOCIETE: Dans l’État Rakhine, la cuisine de la réconciliation

Journaliste : François Guilbert
La source : Gavroche
Date de publication : 28/12/2018
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Voici une initiative de bon augure pour Noël et la nouvelle année 2019. Depuis le début de la décennie, l’État Rakhine est à la une de la presse internationale et birmane. Les violences intercommunautaires, la ségrégation à l’encontre des Rohingyas et la fuite de plus de 700 000 d’entre eux vers le Bangladesh voisin suite aux opérations de nettoyages ethniques opérées par l’armée en 2016 et 2017 ont retenu toute l’attention et suscité les débats. Pour autant connait-on l’histoire de l’Arakan, l’identité Rakhine et plus largement les sociétés qui se côtoient sur les territoires du sud-ouest de la Birmanie ? Si les trésors archéologiques et architecturaux Mrauk-U sont connus de nombreux touristes tout comme les plages de Ngapali, la cuisine des lieux est aussi un produit d’appel, appréciée pour son caractère singulier.

 

En Birmanie, l’intervention humanitaire mène à tout, y compris à la découverte des cuisines locales.

 

Les menus rassemblés par les ONG italiennes OIKOS et Asia (Association for International Solidarity in Asia) avec le soutien local de l’association de conservation de la région côtière de Rakhine (RCRCA) proposent en effet une introduction unique aux mœurs culinaires locales.

 

L’État Rakhine, tristement décrit par les médias en raison de la tragédie des Rohingyas, est célèbre pour ses saveurs aigres et épicées, obtenues grâce à l’utilisation d’ingrédients tels que la coriandre, la citronnelle, les piments et le jus de citron.

 

Son caractère relevé fait sa notoriété et son originalité en Birmanie car piments et poudre de piment sont utilisés abondamment dans les plats et les différentes pâtes de piments (ngapi) sont à profusion sur les tables des gourmets.

 

Bien que la cuisine Rakhine ait son identité, des spécificités bien en propres, elle est rarement l’objet d’ouvrages culinaires pour elle-même.

 

Tout au plus, on trouve chez les libraires et sur internet des recettes à son goût dans des manuels ou des fiches plus généralistes consacrés à la cuisine birmane.

 

La publication « The cuisine of South Rakhine villages » est le fruit d’un travail associatif sur la sécurité alimentaire dans l’État Rakhine.

 

Un enjeu humanitaire d’importance, tout particulièrement dans les districts du nord du territoire où vivent le plus grand nombre de musulmans.

 

Ceux-ci sont toutefois absents pour l’essentiel du manuscrit puisque la publication s’est centrée sur la partie la plus méridionale de l’État aux confins de la division de l’Ayeyarwady où résident majoritairement des Rakhines bouddhistes.

 

Le projet associatif Dafne est le fruit d’un long travail de terrain sur les communautés rurales et côtières de la mer d’Andaman.

 

Il a permis de rassembler dans 29 villages du district de Thandwe des informations sur les cultures culinaires locales : les habitudes des familles, leurs recettes et les ingrédients utilisés pour préparer des plats traditionnels notamment ceux de tous les jours mais également ceux nécessaires pour les plats de fête, les plats préférés ou d’accompagnement, sans oublier les desserts et les boissons.

 

Un travail de recension qui vise à servir d’outil pour faciliter le développement futur d’activités reliant les communautés à la gestion des ressources naturelles voire au tourisme.

 

Le travail d’enquête visait aussi à favoriser l’autonomisation et le leadership communautaire des femmes.

 

Le livre leur rend d’ailleurs hommage puisque le nom de chaque cuisinière et son village sont mentionnés en en-tête des recettes.

 

Celles-ci sont abondamment illustrées de clichés couleurs du produit final et du processus de préparation. La cuisine peut-être, aussi, un instrument de réconciliation. A vos fourneaux, sans rien oublier de l’actualité.

 

François GUILBERT

The cuisine of South Rakhine villages, OIKOS, Rangoun, 2018, 117 p

 

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