Sam Rainsy est bien connu des lecteurs de Gavroche. Nous relayons régulièrement ses prises de position politiques et nous avons publié plusieurs fois ses chroniques. Cette fois, le chroniqueur cède la place au dirigeant politique. Pour interpeller Emmanuel Macron qui reçoit ce mardi 13 décembre le premier ministre cambodgien Hun Sen à l’Élysée pour un diner officiel, en tant que président de l’ASEAN.
Un appel de Sam Rainsy.
Monsieur le Président,
En ma qualité de représentant élu du peuple cambodgien et chef d’un parti qui a recueilli – malgré une triche institutionnalisée – presque la moitié du suffrage populaire, permettez-moi de vous faire part de ma perplexité devant votre soumission à l’insistance du premier ministre cambodgien Hun Sen qui tenait absolument à être reçu par le Président de la République française lors de son voyage actuel en Europe. Vous devez savoir que ce dictateur honni par la majorité du peuple khmer et condamné de toutes parts par la communauté mondiale des nations démocratiques, ne poursuit actuellement qu’un seul but quand il est hors de son pays: se reconstituer une légitimité internationale fortement mise à mal par ses violations de plus en plus graves des droits de l’homme au Cambodge.
Devant la montée du Parti du Salut National (PSN) représentant l’opposition démocratique unie qui menaçait sérieusement son régime, Hun Sen n’a rien trouvé de mieux que de dissoudre arbitrairement ce parti en 2017, ce qui a permis à son propre parti, le Parti du Peuple Cambodgien (PPC), de rafler l’année suivante 100% des sièges à l’Assemblée nationale.
Ce retour à un système de parti unique qui s’est accompagné d’une violente répression politique, est une grave violation des Accords de Paris signés en 1991 qui obligent le Cambodge à mettre en place et à maintenir un “système de démocratie libérale et pluraliste”. Les 18 nations amies signataires de ces Accords – dont la France en sa qualité de co-présidente de la Conférence internationale de Paris sur le Cambodge – se sont engagées à veiller à ce que toutes les clauses de ces Accords soient respectées.
Recevoir Hun Sen en grande pompe dans les circonstances actuelles n’est pas le geste que le peuple cambodgien attend de la France.
Une rencontre du président français avec le dictateur cambodgien à l’Elysée constitue une erreur politique si l’on se réfère aux résultats contreproductifs d’un “engagement” avec Hun Sen qui s’amuse à présenter tout geste cérémonial et honorifique à son égard venant de dirigeants occidentaux comme une caution à sa politique de répression au Cambodge. Une telle rencontre constitue aussi une faute morale si l’on se réfère aux souffrances des victimes des brutalités incessantes de Hun Sen mentionnées dans le dernier rapport établi le 26 août 2022 par le Rapporteur spécial des Nations-unies sur la situation des droits de l’homme au Cambodge.
Pourquoi ne pas avoir tiré la leçon de la rencontre que le Président François Hollande a eue avec le même Hun Sen à l’Élysée le 26 octobre 2015?
Ce jour-là même, à Phnom Penh, deux députés du PSN, Nhoy Chamroeun and Kong Saphea, ont été grièvement blessés par les sbires de Hun Sen dans une attaque de style fasciste dans l’enceinte même de l’Assemblée nationale. Depuis cette rencontre de 2015 entre François Hollande et Hun Sen, la démocratie au Cambodge a connu une véritable descente aux enfers.
La rencontre à l’Élysée de 2022 ne présage rien de mieux vu l’augmentation continue du nombre de prisonniers politiques dans les geôles cambodgiennes et la répression de plus en plus féroce qui s’abat sur l’opposition, les syndicats et la société civile en “préparation” des élections législatives du 23 juillet 2023.
Hun Sen, un ancien chef Khmer rouge sous Pol Pot, au pouvoir depuis déjà 37 ans sans discontinuité (un record mondial), compte tout simplement se faire remplacer par son fils aîné après les élections de 2023 et laisse entrevoir que le pouvoir restera plus tard entre les mains de ses petits-enfants. Mieux que Poutine, Xi Jinping et Kim Jong-un réunis! La France des Lumières et des Droits de l’homme ne doit pas participer, de près ou de loin, à cette farce sanguinaire.
Respectueusement,
Sam Rainsy
Président par intérim du Parti du Salut National (PSN) du Cambodge
c’est clair comme l’eau de roche, 37 ans pouvoir de Hun Sen pro vietnamien, le Cambodge et son peuple continue à être victimes par l’ancien Khmer Rouge que le Vietnam le met au pouvoir. Les 18 pays signataires doivent se réunir pour apporter des solutions au peuple Cambodgien.
Encore du bla bla politique. Ils sont tous pareil ! Prendre le pouvoir pour imposer une autre politique qui au final peut être pire ou légèrement meilleure…