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CAMBODGE – HISTOIRE: Quand Jacques Bekaert raconte l’hôtel Sukhalai de Phnom Penh

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 26/11/2019
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Coup de cœur pour cette belle série des récits des hôtels mythiques d’Asie du sud-est publiée par notre confrère Asialyst, dont nous vous recommandons chaudement la lecture. Il suffit d’un clic ici. Cette fois, notre ami journaliste belge basé à Bangkok, qui fit jadis les belles heures indochinoises du Bangkok Post, nous raconte l’hôtel Sukhali à Phnom Penh. Un régal de récit hôtelier…

 

Nous reproduisons ici un extrait du récit de Jacques Bekaert publié par Asialyst que vous pouvez retrouver ici.

 

Monuments incontournables ou palaces surannés, l’Asie du sud-est ne se comprend pas tout à fait sans ses hôtels mythiques. Témoins d’un pan d’histoire coloniale, de sa splendeur et de sa décadence, ils furent parfois un carrefour d’espions durant la guerre froide. Jacques Bekaert nous emmène cette fois au Sukhalai, un hôtel de Phnom Penh aujourd’hui détruit.

 

Un beau matin de septembre 1988, vers 5 heures du matin, on frappa à ma porte. Cinq heures ! Je dors à cette heure-là. Même a Phnom Penh. Mal éveillé, j’ouvre. Entrent la gouverneure de Kompong Speu et un jeune homme, son neveu et traducteur. Je les connais, cette province proche du Phnom Penh étant désormais ouverte aux journalistes. Cette brave paysanne de 65 ans m’avait même laissé tirer avec son pistolet, un vieux Tokarev sovietique. Sur une cible en carton.

 

« Quel bon vent vous amène ? ». « Voilà, me dit son neveu dans un mélange de khmer, de français et d’anglais. Ma tante voudrait vous épouser et rentrer avec vous en Amérique ! » J’ai beau dire que je suis Belge, on s’obstinne à me prendre pour un Américain. « Désolé, je suis déjà marié. Et j’habite à Bangkok. »

 

Cette scène se déroulait au huitième étage du Sukhalai.
Ne cherchez pas ou se trouve le Sukhalai. Il a disparu sans laisser de traces. Perdu corps et bien. Le bâtiment, sur Monivong, à un angle, face à un bureau de poste, a été détruit. Emporté par le vent de rénovation qui est en train de changer à tout jamais le Phnom Penh que j’ai connu, où tant de vestiges rappelaient le bon temps, celui de la paix des années cinquante et soixante, sous la tutelle du Prince Sihanouk. Le temps où l’on pouvait vivre bien avec un salaire d’instituteur, comme me le rappelait parfois feu mon ami Chak Sarik, ancien secrétaire privé du prince.

 

Quatre dollars la nuit

 

Le Sukhalai, c’était huit étages, avec ascenseur, sauf que faute de courant ce vieux serviteur ne fonctionnait jamais. Mais j’étais relativement jeune, avec de bonnes jambes, bien entraînées au cours de mon service militaire en Allemagne. Je choisissais toujours les deux derniers étages, à quatre dollars la nuit.

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