Il ne reste plus que lui. L’ancien chef de l’Etat Khmer Rouge Khieu Samphan, condamné à la prison à vie en novembre 2018 est l’ultime haut dirigeant Khmer Rouge encore en vie dans une prison cambodgienne, après sa condamnation pour «crimes contre l’humanité» par le tribunal spécial chargé de juger certains dirigeants de l’ex régime de Pol Pot. Internés à ses cotés, Ieng Sary, Nuon Chea, Ieng Thirith et maintenant Douch (qui n’était pas un haut dirigeant, mais l’exécuteur en chef du régime) sont morts. Qui est Khieu Samphan, auteur d’une thèse à l’université de la Sorbonne soutenue en 1959 à Paris ? Voici la réponse.
Khieu Samphan, dernier survivant parmi les hauts dirigeants Khmers Rouges qui gouvernèrent le Cambodge entre 1975 et 1979, causant la mort d’environ deux millions de cambodgiens, a obtenu en 1955 une bourse pour aller étudier en France, et il y a publié une thèse de doctorat intitulée « L’économie du Cambodge et ses problèmes d’industrialisation ».
Ministre sous Sihanouk
Rentré au Cambodge, il est devenu professeur avant d’être nommé, en 1962, secrétaire d’État au commerce sous le régime de Sihanouk. Se trouvant sous la menace des forces de sécurité de Sihanouk, il est passé à la clandestinité en 1967 pour réapparaître dans la résistance khmère rouge au début des années 1970. En 1976, il a été nommé chef d’État du Kampuchéa démocratique. Il a succédé à Pol Pot lorsque celui-ci a quitté ses fonctions officielles à la tête des Khmers rouges en 1987, et a représenté le Kampuchéa démocratique à la Conférence internationale sur le Cambodge qui s’est tenue à Paris en 1989. Il est signataire des accords de paix de Paris du 23 novembre 1991.
Après avoir prêté allégeance au gouvernement cambodgien en 1998, il a quitté le mouvement khmer rouge. Il a ensuite vécu dans la province de Pailin, située dans le nord-ouest du pays, jusqu’au moment où il a été placé en détention provisoire sous l’autorité des CETC en novembre 2007.
Crimes contre l’humanité
Mis en accusation et renvoyé devant la juridiction de jugement pour crimes contre l’humanité, violations graves des Conventions de Genève de 1949, génocide des groupes ethniques cham et Vietnamien; et autres infractions visées aux articles 4, 5, 6, 29 (nouveau) et 39 (nouveau) de la Loi relative à la création des CETC telle que modifiée le 27 octobre 2004.
Khieu Samphan était accusé d’avoir, pas ses actes ou omissions, planifié, incité à commettre, ordonné de commettre, aidé et encouragé à commettre (dans le cadre d’une participation à une entreprise criminelle commune) des crimes contre l’humanité perpétrés entre le 17 avril 1975 et le 6 janvier 1979, ou d’en avoir été responsable en tant que supérieur hiérarchique.
Première audience en 2011
L’audience initiale s’est ouverte le 27 juin 2011. Les déclarations préliminaires dans le cadre du dossier no 002 se sont ouvertes le 21 novembre 2011 et les Ordonnances de Clôture se sont terminées le 31 Octobre 2013. Le jugement a été prononcé le 7 août 2014. Khieu Samphan a été reconnu coupable de crimes contre l’humanité et condamné à la réclusion à perpétuité. Le 23 novembre 2016, la Chambre de la Cour suprême a annulé une partie des condamnations, mais a confirmé la réclusion à perpétuité pour Khieu Samphan dans le dossier n° 002/01. Les audiences en première instance du dossier n° 002/02 se sont ouvertes le 17 octobre 2014. La présentation des éléments de preuve a commencé le 8 janvier 2015 et s’est achevée le 11 janvier 2017. Le jugement de première instance est intervenu en novembre 2018.
Condamné une première fois en 2014 à la prison à perpétuité – peine confirmée en appel en 2016 – il a de nouveau été condamné pour « génocide » en 2018. Il a toujours contesté les faits retenus contre lui. Khieu Samphan est interné dans la prison adjacente au tribunal spécial international proche de l’aéroport de Phnom Penh.
Chaque semaine, recevez Gavroche Hebdo. Inscrivez vous en cliquant ici