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Cambodge : L’hôpital foumilière

Journaliste : Adrien Le Gal
La source : Gavroche
Date de publication : 17/12/2012
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Le 12 juin dernier, l’association « Solidarité Bretagne Cambodge » repartait en France après une mission de quinze jours à l’hôpital de KampongTrabek. En tirant parti de l’affluence des ONG voulant intervenir au Cambodge, cet établissement rural peut se targuer d’une modernité hors du commun.

 

Des tables à perte de vue…Lors de la soirée de départ de la mission des “Bretons”, mi-juin, dans un restaurant de Phnom Penh, il était difficile de compter le nombre de personnes présentes. Deux fois par an, l’association rennaise envoie une vingtaine de soignants vers l’hôpital de Kampong Trabek. Cette année, la mission comptait dix-neuf personnes. «On avait des sages-femmes, des chirurgiens, des infirmières, des généralistes, une opticienne, des dentistes…», énumère Philippe Lemoine, médecin coordinateur de Solidarité Bretagne Cambodge. Avec eux, des étudiants cambodgiens en médecine qui effectuent leur stage avec les soignants français…et un petit groupe d’anciens étudiants en français, qui leur servent d’interprètes.

 

Tout ce petit monde a débarqué, pendant quinze jours, à l’hôpital de Kampong Trabek, établissement de district de la province de Prey Veng, près de la frontière vietnamienne. Plus tard dans l’année, c’est une équipe de Nantais, nommée « Hôpital Marguerite-Marie », qui fera de même. La liste des ONG s’investissant ici ne s’arrête pas là: Electriciens Sans Frontières, association fondée par des salariés d’EDF, a installé un groupe électrogène, qui permet à l’hôpital d’être autonome, et même de revendre de l’électricité aux villageois riverains…

 

À l’origine de cette hyperactivité, il y a un bonze franco-cambodgien, le vénérable Yos Hut Khemacaro. Influent au sein de la pagode de Bagneux, puis président de la Fondation bouddhiste khmère de France, le religieux a su frapper aux bonnes portes pour doter son village natal d’un hôpital à faire pâlir d’envie l’hôpital provincial. «En 1996, ici, il n’y avait rien, s’amuse Yos Hut Khemacaro, en visite dans les chambres des patients. C’était une usine à briques, puis le siège de la police municipale…»

 

Aujourd’hui, c’est un grand bâtiment doté de 80 lits, d’un hangar pour stocker les médicaments, d’un bloc opératoire high tech et d’un incinérateur. Et d’une réputation qui a depuis longtemps dépassé les frontières du village: pendant les quinze jours que dure la mission, des malades viennent de partout pour profiter des soins dispensés gratuitement par les Français. «Il en arrive même de Phnom Penh!», sourit le bonze.

 

Pour les étrangers qui travaillent au Cambodge dans le secteur de la santé, l’expérience de Kampong Trabek a valeur d’exemple: elle permet de voir ce qui marche et ce qui ne marche pas lorsqu’un établissement fonctionne entièrement sous perfusion internationale. Les frictions avec les soignants cambodgiens ne sont pas rares: difficile, pour les praticiens qui sont présents toute l’année, d’accepter toutes les initiatives des étrangers. «Ils sont à peine payés…Qui sommes-nous pour leur demander de travailler plus?», s’interroge ainsi Benoît Rohel, infirmier anesthésiste dans un hôpital nantais. Lui prend sur ses jours de congés pour venir au Cambodge. Comme lui, les autres membres de la mission ont payé leur billet d’avion, dont ils déduisent une partie de leurs impôts. Ce qui ne les empêche pas de se poser des questions sur l’efficacité de leur engagement: «Quand on vient, on avance de trois pas. Et quand on repart, on recule de deux», lâche Benoît Rohel.

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