En plein temps fort à Phnom Penh avec le procès des Khmers rouges débuté en février 2009, Gallimard a publié une étude qui s’impose comme l’ouvrage de synthèse qui manquait en français sur le génocide cambodgien. L’auteur, Francis Deron, appartient au cercle restreint des chercheurs francophones légitimés pour affronter un sujet si complexe. Correspondant de l’AFP, puis du Monde à Pékin et Bangkok de 1977 à 1997, l’homme porte un regard avisé sur l’histoire.
De notre point de vue, ce livre aurait pu être allégé. L’œil averti repère ensuite, au fil des pages, quelques inexactitudes historiques secondaires qui ne nuisent pourtant pas au propos. Ces réserves n’éclipsent en rien les qualités de ce livre : les biographies des cadres Khmers rouges et le long développement sur Duch sont dans l’ensemble réussis.
Le parti pris de l’auteur en faveur du procès est bien argumenté. Son style journalistique foisonnant d’anecdotes vécues en Thaïlande, ou au Cambodge, ou en Chine en font d’ailleurs toute l’originalité. Une mine d’informations, notamment sur les positions de la Chine tout au long de la tragédie cambodgienne…
Nous laisserons le mot de la fin à Séra, auteur franco-cambodgien de BD qui résume bien l’intérêt du « Procès des Khmers rouges » : « L’excellent ouvrage de Francis Deron (…) est un collage d’articles un peu anciens mais qui offre encore une bonne mise en lumière sur la démence de Pol Pot et sa machine à broyer. Au final, Deron donne un regard neuf sur la disparition d’un tiers de la population, soit 2 millions de Cambodgiens, et se détache de bien des études en chambre et médiocres sur le sujet qui circulent en France. Moi qui pensais connaître beaucoup de choses sur cette partie d’histoire que j’ai tant dessinée, j’y ai appris beaucoup, notamment sur les centres de stockage et de torture. Le cauchemar continue. »
« Le Procès des Khmers rouges : trente ans d’enquête sur le génocide cambodgien, de Francis DERON.
Paris : Gallimard, 2009. 459 pages. 1500 B.