Les autorités cambodgiennes ont ordonné à un parti d’opposition de retirer un panneau d’une voie publique, suscitant des accusations de parti pris politique en faveur du Parti du peuple cambodgien, dont le chef Hun Sen dirige le Cambodge depuis plus de 35 ans.

La décision des responsables de la province de Tboung Khmum, dans le centre du Cambodge, reflète les inquiétudes du CPP concernant la croissance du Candlelight Party qui travaille depuis novembre pour préparer les élections locales prévues pour le 5 juin, a déclaré mercredi à RFA le militant du parti Sou Yean.

 Sou Yean a déclaré qu’il avait refusé les ordres des autorités du district de Dambaer de Tboung Khmum d’enlever la pancarte de son parti. “Tous les partis politiques ont les mêmes droits”, a déclaré l’activiste, un ancien membre du Parti de sauvetage national du Cambodge, désormais interdit, qui a récemment été libéré de prison.

Le vice-gouverneur de la province, Keng Bunna, a nié les accusations de parti pris politique en ordonnant le retrait du panneau, affirmant que son emplacement sur le bord d’une voie publique avait suscité des plaintes de la part de villageois vivant à proximité.

“Même si le panneau a été installé dans un espace public, il pourrait gêner la circulation”, a déclaré Keng Bunna. Les membres du Candlelight Party devraient consulter les autorités à l’avenir pour savoir où placer leurs panneaux, a-t-il déclaré.

«Ils doivent coordonner cela avec les autorités afin que nous puissions nous assurer que leurs panneaux n’affectent pas le flux de la circulation. Nous ne restreignons les activités d’aucun parti politique », a-t-il ajouté.

Sou Yean a toutefois déclaré que son parti avait informé les autorités locales de l’installation de son panneau conformément aux exigences légales et que l’emplacement du panneau n’interférait pas avec la circulation. Le Candlelight Party poursuivra ses activités malgré les pressions et les intimidations des autorités, a-t-il déclaré.

Kang Savang, un observateur du Comité pour des élections libres et équitables au Cambodge (Comfrel), a déclaré que les partis d’opposition au Cambodge ont souvent été bloqués dans leurs tentatives de mettre en place des pancartes annonçant la présence et les activités de leur parti.

“Ce n’est pas juste que les autorités refusent l’autorisation. Au lieu de cela, ils devraient travailler pour trouver des compromis afin de ne pas se livrer à la discrimination politique », a-t-il déclaré.

Le Candlelight Party était autrefois connu sous le nom de Sam Rainsy Party, dont le chef a fusionné le groupe avec d’autres forces d’opposition pour former le Cambodia National Rescue Party (CNRP).

La Cour suprême du Cambodge a dissous le CNRP en novembre 2017, ce qui a permis au Parti du peuple cambodgien du Premier ministre Hun Sen de remporter les 125 sièges au Parlement lors des élections de juillet 2018. L’interdiction est intervenue deux mois après l’arrestation de Kem Sokha, président du CNRP, qui doit être jugé ce mois-ci pour trahison.

La répression de Hun Sen contre l’opposition et la société civile a entraîné des sanctions américaines et la suspension des privilèges commerciaux avec l’Union européenne.