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CAMBODGE – POLITIQUE : Sam Rainsy relance les accusations contre le gouvernement

Date de publication : 25/01/2025
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Sam Rainsy

 

Une tribune du chef de l’opposition cambodgienne en exil Sam Rainsy

 

Dans l’opinion que j’ai publiée dans Gavroche le 18 janvier dernier, intitulée « Le silence assourdissant de Hun Sen et du gouvernement de Phnom Penh après l’assassinat de l’opposant Lim Kimya à Bangkok (le 7 janvier) », j’ai relevé l’attitude étrange des autorités cambodgiennes qui, onze jours après le sanglant attentat, n’avaient toujours rien dit « pour condamner l’attaque, exprimer des condoléances à la famille de Lim Kimya, ou encore promettre de coopérer avec les autorités thaïlandaises pour résoudre cette affaire ».

 

C’est maintenant chose faite, d’une façon brutale, d’un seul coup, pour tenter de répondre à toutes les interrogations en même temps, d’une manière toujours aussi étrange et peu protocolaire, comme si les intéressés voulaient chasser à la va-vite une lourde suspicion qui devient trop gênante.

 

Le silence a été rompu ce 20 janvier par Hun Manet, premier ministre et fils aîné de Hun Sen. Dans une allusion fortuite au cours d’un discours de campagne dans une province reculée où rien ne se prêtait à l’évocation du drame survenu deux semaines plus tôt, Hun Manet a enfin présenté (oralement) ses condoléances à la famille de Lim Kimya et condamné (du bout des lèvres) son assassinat. Mais son évocation fortuite de l’assassinat et sa tentative maladroite de disculper son gouvernement laissent les observateurs encore plus perplexes. Il a dit: « Si nous sommes vraiment derrière cet assassinat, nous mettrions en œuvre des moyens suffisants pour cacher les tueurs. Or nous avons livré le tueur à la Thaïlande, à la demande des autorités de ce pays, ce qui prouve que nous ne sommes pas impliqués dans cet assassinat ».

 

Un peu léger comme argument pour se disculper ! C’est une présentation plutôt grotesque qui s’apparente, dans un premier temps, à un mensonge par omission.

 

En réalité, les autorités cambodgiennes n’avaient pas d’autre choix que de livrer le tueur nommé Ekkalak Pheanoi, de nationalité thaïe, à la police thaïlandaise. Ce tueur a été clairement identifié par de multiples caméras de surveillance dont les images l’ont suivi depuis son geste fatal jusqu’à sa fuite et son entrée, par voie terrestre, le même jour (7 janvier), au Cambodge où il bénéficie apparemment de nombreuses complicités. Il n’a été livré que le 11 janvier à la police thaïlandaise qui le réclamait à cor et à cri.

 

Au lieu de faire preuve d’un véritable désir de coopération le gouvernement cambodgien a reproché à la police thaïlandaise d’avoir divulgué « trop vite » l’identité d’autres personnes suspectes, notamment celle de deux ressortissants cambodgiens: Pich Kimsrin (la personne qui, voyageant dans le même bus que Lim Kimya, l’a désigné à son tueur à la descente du bus), et Ly Ratanakrasmey (la personne qui a versé à Bangkok de l’argent au tueur). Le tueur Ekkalak Pheanoi a reconnu devant la police thaïe que Pich Kimsrin et Ly Rananakrasmey étaient bien ses complices même s’il a refusé de révéler le nom d’une autre personne plus haut placée qu’il considère comme un « grand bienfaiteur ».

 

Pich Kimsrin et Ly Rananakrasmey, qui se vantaient ouvertement d’avoir de hautes connections politiques à Phnom Penh, se cachent maintenant au Cambodge après que la police thaïe a fait émettre par Interpol des mandats d’arrêt internationaux à leur encontre. Dans son discours qui se voulait expiatoire Hun Manet ne les a évidemment pas mentionnés. Hors de question donc d’arrêter les deux compères et de les envoyer devant un tribunal à Bangkok où ils pourraient révéler bien de secrets embarrassants.

 

Dans son discours Hun Manet affirme également que l’assassinat de Lim Kimya « ne peut avoir qu’une motivation privée et personnelle puisque le gouvernement cambodgien n’y est pour rien ». Cet argument rappelle douloureusement le retentissant assassinat d’un autre opposant politique, Kem Ley. Celui-ci a été abattu à Phnom Penh en 2016, en plein jour par un tueur apparemment isolé, agissant à visage découvert et d’une manière décontractée, c’est-à-dire selon le même mode opératoire que pour Lim Kimya. Comme pour Lim Kimya maintenant, les autorités ont alors prêté au tueur de Kem Ley une « motivation personnelle » pour commettre son acte criminel parce que « Kem Ley (lui) devait de l’argent ». Cette insinuation contredit complètement le témoignage de la famille de Kem Ley qui affirme n’avoir jamais entendu parler de ce tueur ni tout simplement soupçonné son existence.

 

Pour revenir à Lim Kimya, sa veuve française Anne-Marie a déclaré le 16 janvier à Radio France Internationale qu’elle ne connaissait à son mari aucun ennemi à titre personnel et que Lim Kimya n’avait aucun litige personnel avec qui que ce soit.

 

Le discours du 20 janvier de Hun Manet est, de toute évidence, une réponse à mon article dans Gavroche du 18 janvier. Alors qu’il s’agit de questions brûlantes que tout le monde se pose sur l’assassinat de Lim Kimya, la réponse donnée par Hun Manet — aussi bien sur le fond que sur la forme — ne fait que jeter un plus grand trouble dans l’esprit des observateurs quant au cynisme des dirigeants actuels du Cambodge.

 

Hun Sen et sa famille ont déjà gagné quelque chose au lendemain de la mort de Lim Kimya (c’était peut-être un des buts recherchés): l’assassinat de l’opposant dont le style rappelle la longue série des meurtres politiques qui ont eu lieu au Cambodge ces dernières années, a envoyé un message glaçant à la diaspora cambodgienne, leur faisant comprendre qu’il n’y a plus de lieux sûrs pour eux. De nombreux militants, journalistes et défenseurs des droits de l’homme vivent en exil dans des pays comme la Thaïlande, craignant pour leur vie.

 

C’est notamment en Thaïlande que vivent deux millions de travailleurs migrants cambodgiens. Ceux-ci mettent leur misère sur le compte du régime Hun Sen qu’ils accusent d’être corrompu et incapable de leur procurer du travail au Cambodge même. Ils sont largement acquis à l’opposition et représentent un foyer d’agitation potentiel que Hun Sen veut bâillonner par la peur.

 

Mais personne ne peut garantir à Hun Sen et sa famille que les dictateurs, où qu’ils se trouvent, auront toujours raison et seront toujours capables d’agir impunément à leur guise.

 

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