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CAMBODGE – RÉCIT : Angkor Cathédrale de lumière

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 19/05/2020
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Nous l’écrivons souvent: les archives de Gavroche sont une richesse sans pareille. Nous avons donc plongé dedans pour ressortir ce récit sur Angkor, joyau de l’empire khmer hier et un des principaux sites archéologiques de l’Asie du Sud-Est aujourd’hui. Il s’étend sur quelque 400 km2 couverts en partie par la forêt.

 

Des éléphants par dizaines ouvrent le cortège royal suivis par les épouses et concubines du roi, dans leurs palanquins d’or portés par des serviteurs, et protégés du soleil pour ne pas brûler leur peau si douce. Le souverain s’avance, juché sur un éléphant dans un manteau de soie et de pierres précieuses…

 

Angkor, au XIIème siècle est à son apogée, et les voyageurs arrivant sont éblouis par les fastes des cérémonies de la cité royale des khmers. Fondés quelque trois cents ans plus tôt, l’Empire khmer est bien plus vaste que l’actuel Cambodge et comprend aussi, une bonne partie du Vietnam, de la Thaïlande et du Laos. On mangeait dans une vaisselle en or, dormait dans des draps de soie et les tours des temples croulaient sous les pierres précieuses. Mais, en 1431, après 500 ans de domination, les attaques répétées des envahisseurs siamois les forcent à fuir Angkor. Jamais les souverains ne purent retrouver leur prestige perdu et, livrée aux pillages puis envahie par la jungle, la capitale tombe dans l’oubli.

 

Ce sont les français, colonisant la région au XIXème siècle, qui redécouvrent la cité perdue. L’Occident saisit les beautés d’Angkor en 1860, grâce à un jeune naturaliste français, Henri Mouhot, qui en découvrant les ruines monumentales enfouies au cœur de la jungle tropicale, initie un mythe. Le charme des milliers de danseuses célestes qui ornent les murs des temples émeut tout voyageur, à tel point que certains les volent… En 1923, ne résistant plus, un écrivain et amateur d’art français, futur ministre de la Culture, s’empare de bas-reliefs du temple de Banteay Srei, armé d’une scie égoïne. Arrêté dès son retour à Phnom Penh, retenu prisonnier, le procès fit grand bruit et inspira à son auteur un livre, La voie royale, en partie autobiographique. Précurseur d’un triste pillage continu, il repose aujourd’hui au Panthéon: André Malraux.

 

Si les maisons de paille ou de bois ont aujourd’hui disparu, les gigantesques temples tendent toujours leurs tours ciselées vers le ciel. Les lianes tentaculaires les enlacent.

 

Angkor Vat est le plus grand temple du site. Ses tours en forme de boutons de fleur de lotus sont l’emblème du pays. On trouve l’effigie des trois tours les plus célèbres du temple sur le drapeau, les billets de banques et sur de nombreux bâtiments. Temple dédié à Vishnu et construit au XIIème siècle, il s’élève en pyramide sur trois stages. C’est en fin de journée qu’il faut le visiter, alors, écrivait Pierre Loti. Des ruines s’enveloppent d’une majesté soudaine, tellement que je me sens profanateur d’être encore là… Le mur d’enceinte extérieur forme un rectangle d’un kilomètre sur huit cents mètres, doublé à l’extérieur par une immense douve de cent quatre-vingt-dix mètres de large.

 

L’art et l’innovation moderne ont marqué l’apogée de l’Empire angkorien. Alors que Paris comptait, au XIIIème siècle, à peine cent milles habitants, la vile d’Angkor abritait sept cent mille personnes et disposait d’un gigantesque réseau hydraulique, nécessitant une gestion draconienne et complexe. La réalisation de barays (lacs artificiels) transforme la plaine en un prospère et second grenier à riz.

 

Le Bayon, est le temple central de l’ancienne ville d’Angkor, les bas-reliefs sont recouverts de mousse et des racines géantes déchaussent des pierres. Aujourd’hui, les 287 temples du site considéré comme la huitième merveille du monde, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, retrouvent peu à peu leur magnificence. Angkor n’est pas un monument, c’est aussi un lieu de pèlerinage, nombreux sont ceux qui viennent y prier, faire des offrandes et depuis peu s’y marier…

 

Non loin de là, le lac Tonle Sap est le théâtre d’un phénomène unique. Pendant la saison des pluies, la mousson s’abat sur la région et les eaux du Mékong alors gonflées inversent leurs cours et se jettent dans le lac, au lieu de descendre vers la mer. La surface dépasse alors de vingt fois celle du lac Leman en Suisse. Vaste réservoir à poisson, le lac est le paradis de pécheurs qui vivent au rythme de la crue des eaux. Ils habitent dans d’étonnantes maisons flottantes rassemblées en villages et à la baisse du niveau du lac en février, ils n’ont d’autres solutions que de déménager avec leurs maisons flottantes, pour gagner les eaux plus clémentes.

 

Ne vivant que du produit de leur pêche, le lac renfermant des centaines de milliers de poissons, est pour eux une aubaine. Toute une vie s’est organisée autour de l’eau, dans ce village, véritable “Venise” cambodgienne. Les paillotes sont fixées à des flotteurs, d’autres sont attelées à des embarcations. Ici les femmes font les courses en pirogue ou attendent le passage du bateau-épicerie. C’est du petit village de pécheurs, au bord du lac, que l’on peut louer une barque pour faire une promenade sur le Tonle Sap. Des passerelles mènent aux embarcations, de longues pirogues à moteur, et on négocie avec les marins le prix de l’excursion. Le village lacustre est à environ 800 mètres, mais suivant la saison il peut être plus ou moins loin, puisqu’il flotte au gré de la crue. Une fois arrivé dans le village, un spectacle plein de couleur, de gaieté et de poésie vous attend…

 

Thom. A son apogée, la cité abritait jusqu’à un million de personnes dans ses neuf kilomètres carrés. La ville était ceinte de douves qui étaient alors infestées de crocodiles afin de dissuader d’éventuels intrus. Du haut de ces cinquante-quatre tours, deux cents visages vous contemplent. La tour centrale qui est aussi la plus grande mesure quarante-deux mètres de haut. De fabuleux bas-reliefs ornent les murs du temple racontant, à l’aide de plus de onze mille personnages, la vie quotidienne du roi, et ses batailles contre les Cham.

 

Les pécheurs du lac Tonle Sap habitent des cases de paille ou de bambou et élèvent les poissons dans des viviers. On peut facilement visiter un de ces élevages ou s’agitent des milliers de poissons. On leur jettera à manger pour que vous puissiez les voir sauter en l’air. Les enfants du lac se rendent souvent à l’école à la nage.

 

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