Les relations entre la Chine et le Cambodge sont officiellement au beau fixe. Une proximité qui participe grandement au dynamisme économique du Royaume, l’Empire du milieu y multipliant les investissements. Cela créé des richesses mais également des tensions, des déséquilibres et des inquiétudes.
Le Cambodge se porte bien sur le plan économique à en juger par son taux de croissance.
Pour 2018, les prévisions tablent sur une hausse de 7,3 %, dans la continuité de 2017.
Un dynamisme qui est notamment supporté par les excellentes relations qu’entretiennent le Cambodge et la Chine.
Depuis 2016, le Royaume fait partie des pays à revenus intermédiaire tranche inférieure avec un revenu annuel brut (RNB) de 1 230 dollars.
Et il entend devenir un pays à revenu intermédiaire de rang supérieur d’ici 2030 et même à revenu élevé en 2050.
Rapportant les propos du vice-Premier ministre Hor Namhong, Cambodge Mag indique que les investissements chinois se sont élevés à plus de 5 milliards de dollars au cours des 7 premiers mois de 2018.
Entre 2013 et 2018, cela représente 21 milliards de dollars d’investissements mais également de prêts.
Routes, ports, ponts, aéroports, barrages, buildings, centrales hydroélectriques…
Les projets fusent.
Sihanoukville, cité chinoise
Alors que la Thaïlande s’inquiète de la baisse du nombre de touristes chinois, le Cambodge en a accueilli 1,4 million, entre janvier et septembre 2018, soit une progression de 71 %.
Avec 4,3 millions de touristes, la hausse est de 11,8 % par rapport à la même période de l’année précédente.
Sihanoukville est le symbole de la présence chinoise et de la puissance de ses milliards.
La petite station balnéaire s’est métamorphosée en quelques années à peine pour être comparée aujourd’hui à un petit Macao.
L’an dernier près de 200.000 Chinois y ont séjourné.
Ces derniers sont propriétaires de tous les établissements hôteliers, des casinos et des résidences de luxe qui ont fleuri et se développent encore au sein de la station balnéaire.
Siem Reap est dans le viseur des investisseurs chinois comme le confirment également les complexes immobiliers qui s’y sont développés depuis deux ou trois ans.
L’aéroport de Siem Reap qui accueille 50 vols par semaine en provenance de Chine, va être agrandi, là encore avec l’appui de capitaux chinois.
Pas loin des fameux temples d’Angkor, un projet de parc culturel et créatif va voir le jour.
70 millions de dollars sont investis dans cette opération par le groupe Chinois Yunnan Cultural Industry Investment Holding.
Cohabitation difficile
Ces investissements ont assurément favorisé la création d’emplois pour la population locale, mais certainement pas les plus rémunérateurs (à moins de maîtriser le mandarin).
Tout est organisé et pensé pour que les touristes chinois consomment avant tout, pour ne pas dire exclusivement, dans des établissements détenus par leurs compatriotes.
Les retombées pour les entreprises locales sont faibles.
Ce sont également des travailleurs chinois qui s’activent sur les chantiers.
Près de 4.500 permis de travail ont été accordés à des travailleurs de l’Empire du Milieu, l’an dernier, rapporte Nikkei Asian Review.
Cette omniprésence chinoise ne va d’ailleurs pas sans créer de sérieuses tensions.
Elle incite le gouvernement à régulièrement intervenir pour rassurer la population, pour confirmer que les travailleurs chinois repartiront chez eux mais également pour sanctionner les dérives (mafieuses).
Il y a quelques mois, quatre unités spéciales ont été créées pour endiguer la criminalité grandissante.
Régulièrement, des centaines d’escrocs chinois sont renvoyés chez eux.
Et comme les coûts de l’immobilier ou de la nourriture ont progressé, une partie des habitants a dû quitter la région, faute de moyens.
Les petits investisseurs et les touristes étrangers, aussi, sont allés voir ailleurs.
Si la Chine soutient activement le Cambodge et y créée des richesses, le Royaume ne fait pas d’énormes affaires avec l’Empire du Milieu.
La Chine ne pèse que pour 6 % des exportations cambodgiennes alors que 37 % des importations du Royaume étaient chinoises (chiffres 2016, source : BNP Paribas).
Les deux pays sont en outre concurrents sur les marchés internationaux du vêtement et du textile.
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Fabrice Barbian
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