Gérald Vogin est l’un des prêtres des Missions étrangères de Paris basé au Cambodge. Il raconte régulièrement sa vie quotidienne dans une lettre passionnante, récit de la vie et de la société khmère de tous les jours. Ses «cartes postales», bien éloignées de l’actualité et de ses méandres, racontent le pays réel. En témoigne cet article sur le rapport des Cambodgiens à la maladie, dans un royaume encore dominé par les croyances ancestrales.
Ce texte est extrait de la lettre de Gérald Vogin, prêtre des Missions étrangères de Paris basé au Cambodge, dans le diocèse de Kompong Cham. Pour en savoir plus, voici son mail : geraldvogin@yahoo.fr
La maladie
Dans le monde khmer, la maladie est éminemment liée aux attitudes morales dont elle est un fruit amer (« karma »). Elle est aussi liée aux esprits. Aussi quand Mme Penh est tombée en dépression – une maladie très étrange pour les gens – et après avoir tout essayé, son mari s’est rendu près d’un guérisseur local pour tenter de la guérir, lui-même étant un chef de communauté là où il habite. Le guérisseur leur a demandé de quitter l’Église pour deux semaines, de résilier leur baptême durant cette période, car disait-il, à juste raison, les esprits ne peuvent faire leur office sous l’influence d’une autre juridiction que la leur !
Il est donc venu me demander mon avis et je lui ai rappelé que le baptême est indélébile comme on dit ! Ils sont … quand-même partis et revenus, ce qui est déjà bien ! Beaucoup d’autres en effet ont compris la maladie ou un accident comme un présage les avertissant finalement de ne pas entrer dans notre religion. Cela nous invite, à cette étape de leur vie de foi, de ne pas lésiner sur les rites de protection, et d’exorcisme… Ils sont une nécessité spirituelle pour les catéchumènes, les convertis cambodgiens au catholicisme.
Avis aux lecteurs : vous connaissez vous aussi des Français enracinés dans la vie quotidienne des pays d’Asie du sud-est ? Missionnaires chrétiens, moines bouddhistes, binationaux, entrepreneurs installés de longue date… Aidez-nous à les faire connaître !