Il y a les moissonneurs et les chineurs. Les premiers collectent les vieux objets, les seconds les achètent par passion le plus souvent. Un lieu unique à Chiang Mai attire les uns et les autres : le marché à la brocante.
C’est une institution à Chiang Mai. Tout le monde connaît le Second Hand Market, ce curieux bric-à-brac difficilement classable, mais que l’on pourrait ranger entre le vide grenier et le marché à la brocante. Voilà pourquoi la clientèle est aussi diversifiée.
Viennent ici des chineurs, en quête d’un objet de valeur, des professionnels de la brocante, fins connaisseurs des goûts, notamment ceux des Farangs, qui affectionnent les fers à repasser de nos grands-mères, les vieilles balances en étain, les lampes à pétrole. Y viennent en groupe des étudiants, à la recherche de bibelots rigolos, de vieux vinyles ou de cassettes sorties des circuits de distribution depuis des années. Les musiciens fauchés cherchent à acquérir une guitare à vil prix, une trompette ou un trombone, c’est selon. Fréquentent aussi ce marché, des bricoleurs du dimanche, des apprentis réparateurs automobiles qui vont trouver ici des pièces datant d’une autre époque. Pas ou peu de touristes mais quelques étrangers qui ont fait de cette balade un rituel du week-end comme d’autres vont aux puces à Saint-Ouen.
Les moissonneurs de vieilleries
Les stands varient peu d’une semaine à l’autre. La plupart sont ici depuis des années, notamment les vendeurs de porte-bonheur en statuette miniature de Bouddha. La raison en est simple : avant d’être un marché de la brocante, cette rue était un haut lieu de la vente d’amulettes. Tout a commencé ainsi, une histoire entre habitués, des accrocs de la loupe et du détail. Puis, au fur à mesure, le choix s’est diversifié en même temps que le nombre d’exposants, pour devenir cet endroit dédié à redonner une seconde vie à toutes ces vieilles choses qui ne méritaient pas de tomber dans l’oubli. Parmi ces moissonneurs de vieilleries, il y a le « photographe » connu pour sa passion des vieux appareils, le collectionneur de posters, celui des machines à écrire. Evidemment, dans un marché à la brocante, il est difficile de faire l’impasse sur les vêtements, les chaussures, la vaisselle ébréchée et les jouets martyrisés. Plus surprenant, ce vélo des années 70, comme l’annonce pompeusement son propriétaire, entièrement rouillé, mais qui, une fois repeint, sera du plus bel effet dans un jardin, ou encore cette collection de vieilles bouteilles de Coca-Cola, ces insignes de l’armée thaïlandaise, cette collection d’autocollants, ces annuaires surannés, cette paire de Santiag qui a déjà bien vécu.
En quête du Graal
Rien de comparable avec un Night Bazaar, un Sunday Market ou tous les hauts lieux de vente artisanale. Toutefois, le hasard peut mettre sur votre route deux magnifiques vases en bambou, vendus à un prix dérisoire, une très belle maison des esprits, polie par les années, ou cette potiche dont nul ne connaît vraiment l’origine, ni la vocation première. Qu’importe, la préoccupation principale des visiteurs n’est pas de ramener mais de fouiner. Il n’est donc pas rare de repartir les mains vides et puis un jour… c’est le coup de foudre avec un vieil objet.
Pour profiter pleinement de cette promenade, il faut arriver avant 15 heures, ensuite, certains commencent déjà à remballer. Dès 9 heures, s’installent, rectilignes, chapiteaux et parasols qui forment comme une coupole au-dessus de la rue, fermée à la circulation pour l’occasion. Quelques perpendiculaires sont aussi concernées, tout autour du très réputé Prince Royal College.
Mélanie Maudet
Marché à la brocante (Second hand market) les samedis et dimanches, Bumrungrad Road, intersection de Kaew Nawarat Road.