L’Asie du sud-est vit au rythme des nouvelles « routes de la soie chinoises », ce vaste programme de dotation en capital et en infrastructures que les autorités de Pékin financent pour consolider la présence géopolitique de la Chine. S’agit-il, comme on le dit parfois, d’une vaste opération de co-développement ? Ou se retrouve t’on face à une nouvelle aventure coloniale qui ne dit pas son nom ? Au forum « Atlantic Dialogues » de Marrakech organisé par le think tank marocain « Policy Center for the new South », l’ancien ministre des Affaires étrangères français Hubert Védrine a insisté sur cette nouvelle forme de colonisation commerciale, mais aussi politique.

La Chine, nouvelle puissance coloniale du 21ème siècle ? A la lumière des agissements chinois en Asie du sud-est, la question mérite d’être posée. Au forum « Atlantic Dialogues » qui s’est tenu du 13 au 15 décembre à Marrakech (Maroc), l’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine a clairement fait une comparaison entre cette nouvelle colonisation chinoise et celle, passée, des puissances occidentales ?

Route de la soie et route des Indes

« Il ne faut pas comparer les financements et les projets des « Routes de la soie » au plan Marshall, mais à la route des Indes, lorsque les marchands anglais se ruaient jadis vers l’Asie. Il ne fait pas de doute que la Chine ambitionne de devenir la première puissance mondiale. Les dirigeants chinois ont abandonné la subtilité prudente de Deng Xiaoping. Pour eux, l’objectif est une puissance chinoise dominante en 2049. Or dans les faits, cela va bien au delà d’une puissance. Cela ressemble à une colonisation. et tout va donc dépendre de ce qu’ils vont trouver en face. Quels sont les pays qui ont résisté à la colonisation ? Ceux qui étaient trés cohérents et ont su conclure des alliances ? L’histoire se répète face à Pékin. Le partenariat local avec la Chine dépendra de ces réalités. Le succès ou non du projet des nouvelles routes de la soie ne dépend pas que de la Chine».