En cette période d’hiver tropical, c’est le temps idéal pour visiter les grottes à chauve-souris en Thaïlande.
Avec le Covid-19, les chauve-souris, porteuses de nombreux virus, n’ont pas bonne presse. Contrairement à leurs cousines européennes (carnivores), les chiroptères asiatiques se nourrissent essentiellement de fruits, de fleurs et de pollen. Elles pollinisent ainsi de nombreux arbres fruitiers dont notamment le durian. On peut les admirer sans risque à très basse altitude près des Chao Ram Bat Cave (Grottes à chauve-souris de Chao Ram), situées dans un Parc National montagneux à 70 km au Nord-ouest de Sukhothai, entre Lan Hoi et Thung Saliam. Je vous invite à découvrir cet endroit insolite et magique, peu fréquenté par les touristes étrangers. Bonne lecture
Chers lecteurs de Gavroche, si vous connaissez d’autres grottes à chauve-souris en Thaïlande, vos commentaires seront les bienvenus.
Les faucons affamés tournoyaient dans le ciel,
En scrutant l’arrivée de leurs futures proies.
Elles tardaient à venir. La nature aux abois
Retenait son souffle. Un silence irréel,
Interrompu parfois par le chant des grillons,
Semblait avoir arrêté le temps. La forêt
Tropicale, elle aussi s’était tue, figée
Dans un calme oppressant. Aucun bruit, aucun son
Ne venaient troubler l’air chargé d’humidité
De cette clairière, dominée par la masse
Imposante de blocs de granit, où rapaces
Et autres prédateurs trouvaient la sécurité.
Un terre-plein avait été aménagé
En son centre, avec quelques tables rustiques
Et sièges en bois de teck pour les pique-niques,
Surveillé par d’affables gardes forestiers.
Thaï et étrangers, scrutions le ciel, nez en l’air,
Car nous attendions, à la tombée de la nuit,
Qu’un ballet magique s’offre à nous, éblouis
Mais jamais repus de ce spectacle éphémère.
Les faucons chargèrent les premières sorties.
Ce fut le signal. Les grottes de Chao Ram
Déversèrent d’un coup leur flot de chairs vivantes,
Qui se regroupèrent dans le ciel obscurci.
Pour former un nuage étiré vers l’est.
Tantôt dragons, tantôt nuées, quelques millions
De chauve-souris, venues ainsi du fin fond
De leur repaire pour une danse céleste,
Survolèrent nos têtes, à quelques dix mètres
Dans un léger bruissement d’ailes continue.
Quarante-cinq minutes de magie soutenue
Grâce à ces myotis, inoffensifs petit êtres
En quête d’insectes, sortant de mille endroits,
Comme chaque soir, pour parcourir la campagne,
Les villes et les forêts ; pays de cocagne
Assurant ainsi leur survie dans l’immédiat.
Tandis que les faucons se fondaient dans la masse
Pour avaler les trainards, grisons épuisés,
La multitude compacte et disciplinée
Se laissait porter par la brise, dans l’espace
Au loin pour former de furtifs nuages sombres.
Toutes ces chauve-souris enfin rassasiées
Rejoindront au petit matin leur nid douillet,
Pour un repos bien mérité dans la pénombre.
Demain, elles reprendront le vol vers leur pitance.
Comme tous les jours, certaines y laisseront
Leur vie, d’autres bien plus agiles, vieilliront,
Mais ce spectacle naturel, avec constance
Et bonheur pour tous, se jouera toute l’année.
La représentation est terminée ce soir.
Nous quitterons le Parc National dans le noir
Pour gagner Sukhothai, nous aussi rassasiés…
Michel Hermann