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La nasse politique s’est refermée sur Emmanuel Macron. Quel que soit le Premier ministre choisi par le président français, le voici pris dans les filets d’automne du NFP, le nouveau Front Populaire sorti, de justesse, vainqueur des urnes législatives le 7 juillet.
Le calcul est simple. S’il penche finalement pour un gouvernement ancré à gauche – ce qui serait une sérieuse surprise – le locataire de l’Élysée apparaîtra comme un chef de l’État démonétisé, face à une coalition pressée d’exercer son droit d’inventaire et de le voir achever au plus vite son mandat. Tandis que l’hypothèse inverse, à savoir le choix d’un Premier ministre classé à droite, entraînera immanquablement, de la part du NFP, un procès pour non-respect des électeurs. À quoi sert d’arriver en tête dans l’isoloir si des manœuvres vous privent ensuite d’exercer le pouvoir ?
Cette nasse, un homme la manie avec une diabolique dextérité. Jean-Luc Mélenchon, 73 ans, a jusque-là toujours gardé un coup d’avance. Il a misé sur l’union et gagné. Il défend les excès de ses troupes insoumises, car il sait qu’une partie de la gauche l’approuve et souhaite en découdre. Il sème la peur en menaçant de destituer Macron, tout en se disant prêt à ne pas voir des ministres de la France Insoumise dans le gouvernement. Il oblige ce président fan de football à jouer le match, tout en multipliant les hors-jeu.
Raphaël Glucksmann a beau proposer « un avenir sans Mélenchon et sans Macron », bien malin celui qui réussira, d’ici à 2027, à sortir de ce piège mortifère pour la République.
Bonne lecture, sans quitter le pouvoir !
(Pour débattre: richard.werly@ringier.ch)
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Comme en son temps, le roi organisait des ballets en sa cour. Les prétendants tournoyaient autour du soleil, centre de l’univers. Maître des cérémonies et des horloges, il distribuait les grâces et les peines. La France a le bonheur d’avoir fait un bond dans un futur en forme de passé glorieux de la monarchie resplendissante à la faveur d’une dissolution ratée. Sa majesté s’élève au dessus du désastre qu’elle a provoqué puisqu’il faut bien que s’affirme la puissance de la foudre dégoupillée. Le roi revient en grâce et s’élève en majesté au dessus des décombres.
Une foule de prétendants pour un poste devenu subalterne et perpétuellement “démissionnaire” le centre de la puissance se trouvant à Bruxelles, s’est mise à défiler aux pieds de sa divine majesté. Le prince en joue comme l’enfant d’un hochet. Le roi se délecte au jeu de jonglage La cour médiatique n’est pas en reste pour l’accompagner si ce n’est orchestrer ce feu d’artifice de noms les plus improbables. Noms jetés en l’air comme au jeu des osselets ou au bilboquet. Plus d’une dizaine se sont succédés.
Parmi eux, les pressentis, sortis du chapeau de Jupiter, vieux barbons blanchis sous le harnais des politiques anciennes toutes usées. Ils sont l’incarnation des temps passés, rejetés, honnis. Un effort surhumain est déployé pour en faire des “hommes neufs”, providentiels et parés de toutes les beautés comme Vénus dans le tableau de Botticelli.
L’une des innovations de cette monarchie est l’apparition de candidatures auto-proclamées au nom d’une légitimité affirmée à “corps et à cri” : Moi sinon rien dit l’une d’elle sortant de nulle part. “Je ris de me voir si belle en ce miroir” ne cesse de déclamer cette nouvelle castafiore. Une audace relayée et dépassée par une candidature enrichie, une castafiore en vieux cheval de retour : Moi avec mon équipe toute prête, un “shadow cabinet” “hors pair” dit-elle forte d’une candidature passée et ratée, d’une expérience dans les pôles voire au delà et proclamant urbi et orbi l’avènement d’un “ordre juste”.
Puis vint un baudet, auréolé d’une légitimité supérieure, président d’une “chambre”, la troisième, non élue, en forme de ressucée de ces temps anciens des représentations des jurandes et des corporations que la Révolution avait balayée. Une machinerie corporatiste chérie et restaurée aux temps de Vichy que la Vème république adopta dans l’esprit gaullien peu favorable aux représentations partisanes. La tentative, en 1969, de supprimer le Sénat et de le fusionner avec cet avatar corporatiste échoua. Cette incongruité survécu et pourrait être en passe de fournir un modèle de démocratie plus achevée. Une chambre aux vertus représentatives supposées supérieures puisque dépassant les intérêts partisans dont un gouvernement et le roi ne peuvent accoucher. Une chambre rassemblant les ainsi dénommées “forces vives”, le sang de la nation, le vrai sang qui doit remplacer celui, putréfié, par les mécanismes démocratiques dépassés. Des mécanismes qui accouchent d’un peuple disqualifié d’un côté et de l’autre du spectre politique et qu’il faut faire taire. Enfin un candidat du peuple celui d’après le peuple, le “vrai” !
Au-delà de l’échec de Macron, c’est toute la Ve République qui se trouve dans l’impasse. Dans une république bien organisée, l’exécutif, composé de ministres responsables, doit rendre des comptes devant une assemblée délibérante, en l’occurrence l’Assemblée nationale. C’est ce que soutient la gauche : un gouvernement de gauche doit mener une politique de gauche.
Cependant, la Ve République en propose une autre vision : l’État doit être dirigé par une figure centrale, un chef. Le gouvernement ne doit pas émaner du parlement, mais de cette autorité suprême. Macron incarne cette vision en affirmant que le Premier ministre doit exécuter sa politique, sans compromis. Dans ce système, il n’y a pas de juste milieu, la seule option stratégique est la rupture. Mélenchon l’a bien compris.
La carence de Macron met en lumière l’inadaptation de la Ve. La liquidation de la Ve passe par la destitution de Macron.
La destitution est mécaniquement impossible a priori. Reportez vous aux conditions constitutionnelles requises. Cette thématique mélenchoniene et au delà, NFP, dont l’initiateur connait les dédales et le résultat n’a pour effet que de maintenir une forme de “bordélisation”.
L’appel à la démission est une autre thématique qui sera utilisée si un ou des gouvernements successifs sont renversés. Elle peut effectivement y conduire. D’où la stratégie macronnienne et le temps qu’elle met à produire une nomination d’un premier ministre et des ministres, l’essentiel étant d’obtenir, au moins pour un an, une “assurance de non renversement”; soit un soutien, soit une neutralité bienveillante. Tout dépendra des textes qu’il sera prévu d’adopter, le moins possible sera le “mieux”. Par exemple une “loi sociétale” sur le suicide assisté, sur l’euthanasie c’est déjà plus compliqué. L’adoption du budget est le vrai risque pour gagner le pari.
Un gouvernement de gauche ? Dont les parties prenantes font allégeance à un antisémitisme décomplexé sous couvert d’antisionisme et d’un narratif stigmatisant l’islamophobie et au-delà le racisme structurel des Français, stigmatisant “la police qui tue” ? Non merci !
La liquidation de la Vème République ? C’est ce que veut Mélenchon, une VIème c’est à dire un retour à la IVème… Nous y sommes déjà !
Notre éditorialiste suivant en cela une doxa médiatique obsessionnellement admirative de JLM, n’arrive pas à se départir de sa fascination pour le personnage. Et de sa faconde, et de ses formules, et de ses invectives, de son sens tactique et stratégique réunis, de ses “coups d’avance” et de sa supposée culture historique d’autant plus louée qu’elle est inexistante chez nos journalistes et nos politiques, issus de leurs soi-disant écoles. Un tropisme français pour la vulgarité en politique ? Une complaisance pour l’indignité ? Mais une admiration béate pour ce “chavézien des temps à venir”… et ses “coups d’avance”…
La nasse ne serait-elle pas en passe de se refermer sur le “conducator” dont la côte d’amour s’effondre selon les dernières estimations publiées par le journal “Le Monde” daté du 28 aout 2024, pages 7,8 et 9 (Enquête électorale d’ipsos pour Le Monde, la fondation Jean Jaures, le CEVIPOF et l’Institut Montaigne) ? Les opinions publiques apprécient de moins en moins les éructations de cet “ubu” autiste, narcissique, pervers et manipulateur à commencer par ses “alliés” avec qui il a passé un pacte faustien. Un pacte sanglant maintenant trois “partenaires” dans la dépendance nauséabonde de sièges électoraux guignés. Un pacte diabolique élargi sur des marges improbables ayant aussi été aussi passé avec d’autres forces politiques et à leur opposé selon la même préoccupation électorale sous “faux drapeau” ; la bannière dite républicaine.
Le “syndrome de Stockholm” ayant épuisé ses effets, les fissures de l’alliance sont en passe de devenir des brèches. Certaines composantes de l’ensemble baroque s’apprêtent à jouer leur rôle habituel mues sous l’effet de l’attrait de quelques maroquins possibles.
Il ne restera plus au “bolivarien de pacotille” qu’à dénoncer les “sociaux traitres” et lancer un vibrant appel au peuple, le vrai, le peuple créolisé et islamisé pour régénérer cette vielle baderne qu’est selon lui, devenue la France. Et on s’extasiera encore… JLM mon amour… aurait-pu dire cette autre Marguerite (D) au moment de signer le pacte…
La “diabolique dextérité”, JLM la manie dans ses tweets. Celui qui a suivi l’attentat récent contre la synagogue de la Grande Motte est un exercice diabolique du genre. JLM peut s’apitoyer sur un intolérable crime et même le dénoncer mais au nom de la liberté de l’exercice des cultes sans les mots de synagogue ni d’antisémitisme ne soient prononcés. JLM n’écrira jamais ni “juif” ni “antisémite”. Une sorte d’incapacité langagière semble l’avoir atteint.
La concession dont il est capable se borne seulement à reconnaitre un “antisémitisme résiduel” en France, une sorte de “détail” et c’est dans ceux-ci que le diable du narratif mélenchonien réside. Rien qu’un résidu, une survivance du régime nazi, l’antisémitisme racial et probablement celui issu du catholicisme traditionnel clairement condamné par le concile Vatican II mais dont les adeptes de la messe en latin seraient les tenants ; Un “antisémitisme résiduel” que JLM attribue à l’extrême droite et dont le vivier est le RN. JLM et certains de ses affidés ne seraient ni de près ni de loin concernés par de telles ignominies et encore moins accusations. L’antisionisme oui, l’antisémitisme non.
Et pourtant dans le cas de la synagogue de la Grande Motte, l ‘incendiaire repéré par les caméras de surveillance, était couvert d’un keffieh et arborait un drapeau palestinien, les mêmes attributs vestimentaires de la 7ème de liste LFI élue au parlement européen et qui se tenait, en forme d’étendard, aux côtés de l’illustre personnage les minutes suivant la clôture des résultats des élections législatives. Une sainte trinité annonçait fièrement sa victoire. Un déguisement savamment orchestré par un militant antisémite d’extrême droite à la grande Motte ?
JLM s’offusque de l’attaque d’un lieu de culte mais sans le désigner précisément. Dans les non dits dont il parsème ses narratifs diaboliques, les lieux de culte musulmans seraient la cible des islamophobes sous la houlette de l’extrême droite et de mouvements identitaires.
L’attaque d’Israél par le Hamas, le 7 octobre 2024, à ouvert à JLM l’opportunité d’une “remastérisation” de l’antisémitisme. Un antisémitisme nouveau bien mal dissimulé sous un antisionisme. La stratégie électoraliste de LFI servant de support à la conquête électorale qu’il rêve (présidentielle et législative), associant, dans un syndrome de Stockholm, les deux autres composantes du NFP, accouchent d’un antisémitisme de gauche lui même muté par rapport à l’antisémitisme de gauche historique, celui d’avant l’affaire Dreyfus (le juif exploiteur, banquier et détenteur du capital d’une certaine gauche marxiste ou non).
Dans cette gauche, puissamment poussée par l’intérêt électoraliste, une forte conviction antisémite revue et corrigée entre en congruence avec une approche intersectionnelle, agrégeant les minorités supposées dominées, discriminées et racisées même si celles -ci sont en conflits notamment idéologiques. Quels rapport entre les intérêts LGBT et islamistes ? Ces derniers les féministes ? La défense des “ouvriers” et du “prolétariat” n’est plus la cible du discours, ceux-ci ayant rejoint d’autres allégeances politiques et partisanes.
L’islam et la recherche de l’appui électoral des populations d’origine musulmanes supposées islamisées et que JLM assigne à cette identité, sont l’un des cœurs de sa stratégie électorale. Elle n’épargne ni une partie des “verts” ni des “socialistes”. La haine à l’égard d’Israël, considéré pointe la avancée de l’occident colonial puis impérialiste, est devenu central dans la judéophoblie mélenchonienne et l’antisémitisme du NFP…