Chaque semaine, notre ami Richard Werly, conseiller éditorial de la rédaction de Gavroche, nous livre sa vision de la France sur le site d’actualités helvétique Blick. Vous pouvez vous abonner. Ou consulter sa lettre d’information Republick.
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Je vous ai promis la semaine dernière de parler de la France qui va bien. De cette France qui ne vit pas à l’heure des bras de fer politiques parisiens. De ce pays qui, cahin-caha, est (peut-être) déjà en train de refermer la parenthèse Macron.
Eh bien ce pays existe dans les urnes ! En Ariège, là où les Pyrénées viennent s’agenouiller devant Toulouse, les électeurs l’ont fait renaître ce dimanche en élisant Martine Froger, une socialiste qui a dit non à Mélenchon ! Je ne sais pas, à vrai dire, s’il faut y voir un signe. Mais alors que la bataille sociale sur les retraites chemine à priori vers son épilogue, la revanche de cette élue locale sur le grand chamboule-tout de la politique nationale dit quelques vérités.
Ras-le-bol des oukases de la gauche radicale, dont le leader de la France Insoumise entend faire le tremplin de sa prochaine candidature présidentielle ? Confirmation d’une géographie électorale rurale où le vieux PS et la vieille droite ont encore de beaux restes ? Retour en force des réalités locales incarnées, à l’Assemblée nationale, par les vingt députés têtus et indociles du groupe LIOT dont la motion de censure a échoué, le 20 mars, à neuf voix près ?
La France rêvée par l’actuel chef d’État a perdu pied en ce début de second mandat présidentiel. Elle fait encore le « buzz », version Marlène Schiappa à la Une de « Playboy ». Elle tente encore l’autorité verticale de l’État, version Élisabeth Borne face aux syndicats, ce mercredi 5 avril, avant la nouvelle journée de manifestations le lendemain, contre la réforme des retraites. Elle rêve toujours d’influence mondiale, version Emmanuel Macron en Chine, du 5 au 8 avril. Mais un autre pays bat déjà la mesure. Et si la Douce France chantée par Charles Trénet s’apprêtait, tranquillement, à prendre sa revanche ?
Bonne lecture, bercée de tendre insouciance!
(Et pour débattre: richard.werly@ringier.ch)
“Mélechon : gauche radicale” ! Non mais franchement. Ça relève au mieux du raccourci, au pire de la caricature, mais pas de l’analyse politique. Mélenchon profite du désert à gauche pour faire le pitre, d’accord, mais il s’agit du baroud d’honneur avant la sortie de scène. Le PC enterré par Mitterrand, le PS enterré par Hollande et Valls, le RPR-UMP-LR enterré par Fillon et Pécresse, le débat politique a été remplacé d’une élection à l’autre par la menace : moi ou le chaos. Sauf que là, nous avons moi ET le chaos. Un sondage IFOP, la semaine dernière, donnait Marine Le Pen en tête des intentions de vote (31%), loin devant Macron. Ceux qui conduisent les affaires publiques nous emmènent tout droit dans le mur qu’ils prétendaient vouloir nous éviter. La démocratie française donne d’elle-même une image pitoyable au reste du monde. Même les mollahs, à Téhéran, trouvent que vraiment, ils exagèrent…
L’état nation : “FRANCE” tente de conserver sa souveraineté face aux coups de boutoir qui l’assaillent de toutes parts. Cette victoire n’est qu’un soubresaut d’agonie prévisible… Il est à craindre que le refus des français de voir leur culture dissoute dans un ordre global qui leur est étranger n’amène de graves crises sur la société. Sur les plans économique, culturel, historique, énergétique, universitaire, scientifique etc. La France décline. La mondialisation-globalisation relègue petit à petit le pays France en bas de classement des pays du monde…
La population de l’Ariège est composée de nombreuses personnes rebelles qui luttent pour leurs valeurs traditionnelles. Dans l’ordre du monde, cette victoire régionale n’est qu’un pouième perdu dans la jungle du monde. Ce résultat d’élections est peut être une victoire, mais c’est une victoire sans lendemain ou alors c’est une victoire qui présage un chaos sociétal à venir.
Cette conclusion me parait juste. Mais il ne faut pas oublier le 1er ministre: ses 9 voix de majorité lui appartiennent en propre, et non au président de la République ; elle est donc bien en état de prendre le pouvoir, ce qu’elle a fait dans la presse, ce contre quoi le chef de l”État, inamovible et irresponsable, est démuni: Le Parlement n’a pas “renversé” le gouvernement ; le président ne peut pas non plus “renverser” le gouvernement, d’autant moins qu’il a la confiance de la représentation nationale ; le pouvoir a bel et bien changé de mains, avec une nouvelle politique à la clé. On est dans une fin de règne ou l’on expédie les affaires courantes en attendant une dissolution inévitable, qui sera en même temps celle de la Ve République. Décidément oui, notre auteur voit clair.
En revanche je ne vois aucun avenir pour la gauche ; l’URSS a été dissoute et la rue de Solférino a été vendue.