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Vous allez me dire que je mélange tout. Qu’il ne faut pas relier le voyage que vient d’effectuer Jean-Luc Mélenchon à Kinshasa, aux convulsions actuelles de la gauche française et de ses supplétifs écologistes. Eh bien non, j’assume. D’autant que le périple mélenchoniste en terre congolaise fait remonter deux réalités à la surface. La première est que le fondateur de la France insoumise, assailli de critiques pour refuser de qualifier le Hamas de groupe terroriste, est un anticolonialiste forcené. L’ancien député, trotskiste de formation et de cœur, voit dans la remise en cause de la domination occidentale une évolution normale des choses. Ne comptez pas sur lui pour pleurer l’ancien monde capitaliste et mondialisé : Mélenchon mise sur l’indignation des peuples. Ce qui lui garantit, en plus, une audience acquise et peu farouche au sein des diasporas concernées.
La seconde réalité est linguistique. Jean-Luc Mélenchon, youtubeur aussi infatigable que populaire, a bien compris ce qu’Emmanuel Macron est (avec retard, pour cause de tournée au Proche-Orient) allé répéter ce lundi lors de l’inauguration de la nouvelle Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts (Aisne) : l’avenir de la francophonie est en Afrique. Kinshasa est aujourd’hui, devant Paris, la plus grande ville francophone du monde ! Logique, donc, que le tribun de la France insoumise y fasse escale façon Titanic : pour y danser sur le pont du navire de la gauche française, en train de sombrer à force d’être heurté par les icebergs hexagonaux. Les socialistes en perdition (ou presque) et les écologistes dont la boussole est affolée par le wokisme, peuvent bien sûr rester sur le pont du paquebot nommé NUPES. L’orchestre continue de jouer. Le crooner Mélenchon tient bon la rampe. Mais à force de naviguer à vue, le naufrage apparaît programmé. Qui trouvera place dans les canots de sauvetage ?
Bonne lecture et, d’ici là, vive la sape et la rumba !
(Pour débattre: richard.werly@ringier.ch)
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Le canot de sauvetage, c’est le lit dans l’unité de soins palliatifs. On peut penser à Staline, Eugène Fried, Maurice Thorez en 1934, le mieux ce serait un peu de repos avec l’aide de puissants médicaments.
Selon une bonne vieille méthode éprouvée, l’escapade étrangère est le remède de choix lorsque l’hallali à sonné chez soi et que la curée se profile… Sur les pas de son alter-ego du RN, une compétition victimaire ? Le Congo ici, le Sénégal là,… Le frère prêcheur est parti évangéliser ses ouailles en espérant non pas améliorer le sort des âmes mais récolter des miettes électorales pour des temps futurs. A l’instar de sa sainteté papale et en bon prédicateur, le gourou ressuscité en “Lumuba blanc”, un frégoli politique, accomplit son pèlerinage en terre du “sud global” victime de la colonisation occidentale en déclamant ses homélies décoloniales et wokistes. Homélies et épitres éructées dans la langue du colonisateur-occidental-et-blanc aux peuples victimes de la langue du colon blanc qui, faute de mieux, peut encore mobiliser les esprits pour les combats à venir. La contrefaçon gaullienne est palpable, il n’y manque rien, la gestuelle, le ton, la syntaxe, “je vous ai compris”… Il faut ajouter, pour être complet, les manies, le poing de la victoire, le doigt de la menace, menton de l’autorité, etc. des plus célèbres colonels putschistes latino-américains. Deux cérémonies en hommage à la langue française, en miroirs parallèles grossissants et déformants avec cette inauguration alternative, un nouvel Villers-Cotterêts noir. Dans un élan de progressisme exacerbé le gourou n’a pas pris le risque d’un usage du français inclusif il est vrai imprononçable et qu’il pressent sans doute inaudible pour ses auditoires. Telle la grenouille de la fable le “Lumumba blanc” aura pu se faire aussi gros que le bœuf en entendant le fameux cantique s’élever de la foule :” Plus près de toi mon Dieu…”. Mais contrairement aux usages le “gourou commandante”, abandonnant ses nippes de colonel putschiste sud-américain et faisant fi des usages, s’est précipité le premier dans l’unique chaloupe. L’essentiel fût sauvé, l’honneur fût sauf, il fût rassuré, l’amphithéâtre de l’université était comble. Le “Lumumba blanc” fût rassuré quand, à son entrée sur scène, un air fameux occupa sa tête : “Ils sont venus, ils sont tous là dès qu’ils ont entendu ce cri…”. Les paroles qui suivent l’inquiétèrent un peu…” elle va mourir la Mama… ave Maria…” et la suite” : Tandis que s’entassent sur les bancs foulards et chapeaux… ave Maria, elle va mourir la Mama” etc.” Le refrain répété, la crainte mêlée de terreur s’apaisa, une lueur d’espoir apparut, la mama et pas Don Corleone…