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Il m’est arrivé, dans les dernières éditions de Republick, de citer quelques chansons françaises en référence. Mais le moment est peut-être venu de changer de registre. Le grand blocage social annoncé pour ce mardi 7 mars a, lui, tout du «Very Bad Trip», pour reprendre une comparaison cinématographique.

C’est, après tout, l’histoire d’une héroïne, la France, qui se réveille avec une redoutable gueule de bois. Son jeune président de la République avait promis de la «transformer». Les élections législatives de juin 2022 devaient aboutir, à l’Assemblée nationale dépourvue de majorité absolue, à un apprentissage du compromis.

Son «Quoi qu’il en coûte» budgétaire des mois de pandémie de Covid-19 devait faire prendre conscience à la population qu’il lui faudrait, un jour, retourner au travail pour rembourser les 200 milliards d’euros d’aides diverses injectés dans l’économie. Erreur. La drogue du sauve-qui-peut budgétaire s’est révélée trop forte. L’accoutumance l’a emporté.

En ce printemps 2023, deux tiers des Français restent, selon les sondages, hostiles à cette réforme des retraites. Faisons simple : ils n’estiment pas indispensable de travailler plus pour refinancer le modèle social hexagonal plombé par la dette.

Rien de réjouissant

Ce «Very Bad Trip» n’a rien de réjouissant. Car il ajoute un sentiment de dangereuse résignation à la colère déjà diffuse dans la société. Ce mardi, les millions de Français attendus dans les rues manifesteront en effet sans vraiment y croire, car ils sont persuadés que le gouvernement adoptera in fine cette réforme qu’ils vouent aux gémonies.

Le film qui se joue en ce moment en France ressemble à un remake douloureux de «Retenez-moi ou je fais un malheur», cette comédie populaire des années 1980, avec l’Américain Jerry Lewis. À l’époque, celui-ci jouait le rôle d’un policier qui débarque, ébahi, sur le sol français et se retrouve pris dans un engrenage burlesque tricolore.

La réalité l’a emporté. L’engrenage du refus du dialogue et de la concertation sociale a été le plus fort. Il ne manque que le tintamarre des casseroles. Nous sommes bien, au vu des risques politiques et sociaux à venir, tous plongés dans un «Very Bad Trip» aux couleurs bleu-blanc-rouge.

Bonne lecture, le poing levé!
(Et pour débattre: richard.werly@ringier.ch)