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Je me souviens du 10 avril 2022. Vous aussi sans doute. Mais moi, je m’en souviens parce que je n’ai pas vu venir ce qui a suivi. Je croyais, naïvement, que ce premier tour de l’élection présidentielle avait remis pour de bon quelques pendules à l’heure. Macron était en tête, avec 27,85% des voix. Marine Le Pen se qualifiait de nouveau en finale, avec 23,85%. Mélenchon (21,95%) se tapait la tête contre le plafond de verre de la gauche radicale. Et derrière ? Une collection de gifles ! Gifle à Zemmour (7,07%), qui s’y voyait déjà. Gifle à Pécresse (4,78%), qui croyait avoir dompté les électeurs de droite. Et K.-O. pour Anne Hidalgo (1,7%), la maire socialiste de Paris qui, depuis, fait comme si rien ne s’était passé. Ce qu’elle est la seule à croire.
Le train France roule, mais…
Je croyais à tort l’horizon plutôt dégagé pour le président sortant, en passe de rempiler avec brio pour un second mandat. Je le croyais capable de ne pas se tromper d’aiguillage. Je ne pensais pas que Mélenchon mènerait avec un tel succès son procès en illégitimité. Je ne voyais pas Marine Le Pen, de nouveau battue, raccrocher aussi vite ses wagons. Erreur. Le train présidentiel, ce dimanche 10 avril 2022, a commencé à dérailler sans quitter les voies. Vous me suivez ?
C’est pourtant simple. Tout, depuis, s’est déroulé selon les règles. Le train France roule. Le président a été réélu. Une nouvelle Assemblée nationale, certes éclatée, est sortie des urnes. Une Première ministre a été nommée pour gouverner. Mais sous les voies, le terrain glisse. Le gravier se disperse. Les traverses tremblent. La bataille des retraites, dont l’issue deviendra plus claire ce vendredi 14 avril après l’avis du Conseil constitutionnel, est l’illustration de cette année de déraillement.
La suite ? Des voitures de la majorité présidentielle mal accrochées. Un TGV Macron qui avale les kilomètres à l’étranger, entre la Chine la semaine dernière et les Pays-Bas ce mardi. Vous connaissez la blague sur la France que l’on entend parfois en Suisse, qui parle de ce passager qui voyage en première classe toujours muni d’un billet de seconde ? C’est méchant, je sais. Mais un an après le départ en gare, ce 10 avril 2022, je me demande qui a encore un billet. Et qui va (ou pas) sauter du train en marche.
Bonne lecture, sur le Rock N’Roll train !
(Et pour débattre : richard.werly@ringier.ch)