Chaque semaine, notre ami Richard Werly, conseiller éditorial de la rédaction de Gavroche, nous livre sa vision de la France sur le site d’actualités helvétique Blick. Vous pouvez vous abonner. Ou consulter sa lettre d’information Republick.
En voici l’éditorial.
La formule n’est pas de moi. Elle est le titre d’un roman économique signé en 2006 par deux experts, l’ami Philippe Riès, vétéran de l’Agence France Presse, et l’ancien patron PDG du groupe pétrolier ELF Philippe Jaffré, décédé un an plus tard.
Avouez pourtant que ces mots sont toujours pertinents. Ce mardi 26 mars, la nouvelle devrait en effet être officialisée par Bruno Le Maire, ministre des Finances plus passionné par ses romans que par les comptes publics. Un déficit public de 5,6% du produit intérieur brut, soit le double du maximum de 3% prévu en 1992 par le fameux traité de Maastricht, socle de l’euro. Vu de Suisse, pays frugal s’il en est, ce dérapage a tout du carambolage meurtrier pour la crédibilité de la France à l’étranger. La Cour des comptes tire de nouveau le signal d’alarme. Comment continuer d’imprimer sa marque sur le monde lorsque l’on est contraint d’emprunter, en 2024, 285 milliards d’euros ?
On connaît la réponse. Elle est double. La France, d’abord, ne peut pas faire faillite, car elle n’est pas une entreprise, et que l’épargne totale de sa population, hors immobilier, frôle les 6000 milliards d’euros, soit le double de sa dette publique, légèrement supérieure à son PIB. C’est d’ailleurs en partie pour ça que les agences de notation financière sont pour l’heure restées calmes, en maintenant l’indispensable AA qui rassure les préteurs. Mais demain? Et après-demain? Dans son nouveau livre «La voie française», écrit comme un programme présidentiel pour 2027, Bruno Le Maire, redit qu’il faudra bien, un jour, apprendre la frugalité aux Français. Ah bon ? Pour l’heure, Emmanuel Macron n’a pas besoin de se faire réélire en 2027.
La carte de crédit « France » est partie pour chauffer jusqu’à la fin de son mandat.
Bonne lecture et payez vos dettes !
(Pour débattre: richard.werly@ringier.ch)
“Il Faut que nous comprenions que la raison essentielle de la situation que nous connaissons tient en une seule formule : la France vit au dessus de ses moyens. Les revenus augmentent plus vite que la production, le crédit est distribué de manière trop abondante, les dépenses de l’État excèdent ses recettes et le déficit du budget sera cette année de l’ordre de 15 Mds de francs ce qui est déjà un progrès par rapport au déficit de l’an dernier de 35 Mds de francs. Notre commerce extérieur est en déséquilibre et en dépit de la progression de nos exportations, les conséquences de la sécheresse ont aggravé ce déséquilibre. Le déficit du commerce extérieur sera cette année supérieur à 10 Mds de francs. Enfin la sécurité sociale n’est pas en mesure de faire face à ses échéances de fin d’année ni à ses obligations pour l’an prochain et il faut trouver environ 15 Mds de francs. Si cette situation se prolongeait, elle compromettrait nos chances qui sont grandes et notre avenir “…
Vous avez bien lu un propos d’un ancêtre presque préhistorique des Bruno Lemaire et Gabriel Attal prononcé le 22 Septembre 1976 par le plus grand économiste de France dont le “canard enchaîné” nous apprendra (édition du 3 juillet 2019) qu”‘il avait amassé une fortune évaluée à quelques 11 millions de francs suisses (soit 6 à 7 millions d’euros) dans l’enfer suisse d’une banque de Bâle alors qu’il était encore, à cette époque, un… eldorado… un paradis. La Suisse, comme l’enfer, il faudrait l’inventer si elle n’existait… “c’est le trésor précieux que Dieu bénira des cieux” selon le “cantique suisse” ou encore “Mère Helvétie” par Jason Gee…