Chaque semaine, notre ami Richard Werly, conseiller éditorial de la rédaction de Gavroche, nous livre sa vision de la France sur le site d’actualités helvétique Blick. Vous pouvez vous abonner. Ou consulter sa lettre d’information Republick.
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Je suis admiratif. Car il faut du courage pour être juge, en pleines émeutes, au Tribunal de Nanterre. Je l’ai raconté dans mon reportage réalisé dimanche dans la salle 4 du Palais de justice de la préfecture des Hauts-de-Seine. Trois magistrates devant une vingtaine d’émeutiers, amenés là par la police après avoir été interpellés durant la nuit. La raison de mon admiration ? La volonté commune de ces juges et des avocats commis d’office de faire respecter le droit, quoi qu’il en coûte. On peut estimer que la justice est trop laxiste. On peut vouloir une police toujours plus répressive. On peut, comme ce maire de banlieue française, ne pas comprendre la haine. On peut prendre le parti des jeunes de ces quartiers, marginalisés et discriminés par la société. Là n’est pas le sujet. Il ne s’agit pas d’avoir une opinion. Il s’agit de regarder les faits. Si l’État tient par la force de la loi et le respect de celle-ci, ces juges le portaient, dimanche 2 juillet, courageusement sur leurs épaules.
Je suis admiratif alors que je pourrais être horrifié, déprimé, angoissé par l’état de cette France où des centaines de millions d’euros d’infrastructures et de biens privés sont partis en fumée en quelques jours. Parce que je crois que le pays a tout en main pour redresser la barre, si l’on accepte la réalité telle qu’elle est. Cette jeunesse masculine a besoin d’opportunités. Elle doit être disciplinée et mérite le respect. À Montreux, sur les rives du si paisible lac Léman – ébouriffées tout de même par un début d’émeutes ce samedi à Lausanne – j’ai participé le 22 juin à une conférence sur la neutralité, durant laquelle un colonel de l’armée suisse a défendu avec vigueur le service militaire. Je pose ça là, comme ça : et s’il fallait, d’urgence, le rétablir en France, comme une première pierre d’une unité nationale à retrouver ? Comme un garde-à-vous républicain. Discipliné. Et respectueux de tous. À l’image des courageux juges de Nanterre.
Bonne lecture. Et pas question, cette fois, d’être antisocial !
(Pour débattre : richard.werly@ringier.ch)
C’est bien le problème, la”créativité” des juges. Selon Montesquieu, la pouvoir judiciaire n’est pas un pouvoir, il applique la loi , seule expression de la volonté nationale. L’exécutif lui est subordonné comme son nom l’indique. La constitution de 1948 parle d'”autorité judiciaire”. La créativité des juges est de nature à conduire au pouvoir des juges… sous l’autorité des juridiction dites suprêmes y compris et surtout européennes. La dérive est la confiscation des pouvoirs du parlement ou du peuple par la voie du référendum. La créativité touche parfois et de plus en plus souvent (me semble t-il) à la décision politique… en France de juges très politisés…
Revenons à nos basics, par exemple la Déclaration du 3 mars 1766 : “les magistrats sont mes officiers chargés de m’acquitter de mon devoir vraiment royal de rende la justice à mes sujets”. La justice n’est pas un question de volonté, mais une charge.
L’unité précède le service national et non l’inverse ; à quoi sert d’envoyer les appelés en Algérie si “le métier d’être les possesseurs et les nourrisseurs de cette région, nous n’y tenons pas du tout” Général de Gaulle, en conférence de presse, 5 septembre 1961).
Donc pas de service national, pas de magistrats, mais une “audacieuse politique de déficit actif pour relancer la croissance, la confiance et l’emploi”; La France vient de passer le cap des 3 000 milliards de dette. L’important est que “l’État ait une tête, c’est-a-dire un chef”. Il l’a.
Nous sommes en 369 à Thagaste ou Madaure (aujourd’hui Souk-Ahras), le jeune Augustin, soumis aux influences pernicieuses de jeunes gens qui l’ont conduit à se faire plus vicieux qu’il était nous raconte l’histoire suivante dans les CONFESSIONS, II, IV, 9 (Tome 1, dir. Lucien Jerphagnon, Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 2005. p 809-810. “Eh bien moi, moi j’ai consenti à commettre un vol, et je l’ai commis sans y être poussé par la misère, mais tout simplement par pénurie et dégoût de justice, gavé que j’étais d’iniquité. Car ce que j’ai volé, je l’avais en abondance, et de bien meilleur qualité ; et ce dont je voulais jouir, ce n’était pas l’objet visé par le vol, mais le vol lui-même et la transgression. Il y avait proche de nos vignes un poirier, chargé de fruits qui n’étaient alléchants ni par l’apparence, ni par la saveur. Entre jeunes vauriens, nous allâmes secouer et dépouiller cet arbre, par une nuit profonde – après avoir, selon une malsaine habitude, prolongé nos yeux sur les places, et nous retirâmes d’énormes charges de fruits. Ce n’était pas pour nous régaler, mais plutôt pour les jeter aux porcs : même si nous y avions goûté, l’important pour nous, c’était le plaisir que pouvait procurer un acte interdit”.
Saint-Augustin n’était-il pas un agent du Komintern ?
Je sens comme un apitoiement devant le spectacle offert par ces anges (vous connaissez la fameuses phrase de Pascal) et ces archanges enfermés dans leur box face à ces trois magistrates visiblement débordantes d'”état de droit”. Le problème, aux dires de nombreux observateurs et experts est que les juges n’appliquent pas les codes en vigueur faute de places dans les prisons françaises. Ceux sur lesquels Monsieur Werly porte des yeux de Chimène sont, à ses dires, sortis libres d’une audience qui s’est révélée être une mascarade, faute de documents indispensables, d’enquête ni faite ni à faire, etc… une sorte de pétaudière. Une convocation ultérieure à été fixée. Quel sens croyez vous que la justice représente pour ces angelots ? Ces trois magistrates, qui sont bien l’expression d’un appareil ultra féminisé, indice pour certains d’un processus de dévalorisation de l’institution, ne sont que la partie visible d’un iceberg en voie de dislocation. La séquence judiciaire suit l’épisode équivalent de nos écoles soi-disant républicaines. La déroute d’un État républicain fondé sur les services publics. Un rétablissement du service national obligatoire à la place de l’éducation nationale ? Combien de mois Monsieur Werly, combien d’années ? A quel prix ? C’est cette dernière considération qui a conduit à sa suppression (comme à la réduction drastique des budgets militaires).
Cher lecteur
Croyez bien que vos commentaires ont été transférés à M. Werly qui nous accompagne dans l’aventure de Gavroche. L’essentiel est, comme vous le savez, d’être lu et de susciter le débat. C’est le cas. Tant mieux et un grand merci ! La rédaction
“Les tas de droit” ont cet avantage de permettre a la jurisprudence de s’exprimer avec une plus grande créativité.