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FRANCE – POLITIQUE : Vue d’ailleurs, les tracteurs et les ronds-points

Date de publication : 25/01/2024
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blocage Paysans en France

 

Chaque semaine, notre ami Richard Werly, conseiller éditorial de la rédaction de Gavroche, nous livre sa vision de la France sur le site d’actualités helvétique Blick. Vous pouvez vous abonner. Ou consulter sa lettre d’information Republick.

 

En voici l’éditorial. L’intégralité de la newsletter disponible ici.

 

J’ai du mal à croire, à ce stade, à la convergence des colères entre « gilets verts » et « gilets jaunes ».

 

Je sais que les médias français l’ont déjà anticipé, en observant les manifestations qui se propagent chez les agriculteurs. Attention, disent-ils, à l’épisode III de la série « Au pays des Gilets Jaunes ». L’épisode I fut, durant l’hiver 2018-2019, celui des batailles rangées sur les ronds-points et de l’assaut, à Paris, de l’Arc de Triomphe. L’épisode II fut, au printemps 2019, celui du « Grand débat national », imaginé en urgence par Emmanuel Macron pour éteindre ce feu social. L’épisode III serait donc, à entendre certains observateurs, celui de la convergence des revendications, engendrées par la baisse de revenus et l’insupportable inflation des normes. Vous pensiez que le « Quoi qu’il en coûte » des années Covid avait calmé la France ? Détrompez-vous : la revoici en ébullition.

 

Deux France différentes

 

Je n’y crois pas, car les tracteurs et les ronds-points disent deux France différentes. Celle des paysans juchés sur leurs monstres routiers à plus de cent mille euros l’unité, est une France encore syndicalisée, aux demandes bien identifiées et canalisées, dont les préfets et le Premier ministre ont été priés par le président lui-même d’entendre d’urgence les doléances. Celle des ronds-points, où se réunissaient les Gilets Jaunes, était une France de « déclassés », furieux, eux aussi, de l’augmentation des prix du carburant, mais surtout enragés de se retrouver à la périphérie délaissée de la société. Les paysans ne sont pas dans ce cas. Et surtout, ils ont un levier de taille : dans les territoires ruraux, comme l’on nomme désormais les zones rurales, les agriculteurs demeurent incontournables. Ils savent comment et où faire dérailler le pays. Ils assiègent les préfectures au lieu d’occuper les ronds-points.

 

Alors ? L’affaire est entendue : le président va ressortir le carnet de chèques. Comme si la France n’avait qu’un seul médicament pour panser ses plaies : dépenser toujours plus.

 

Bonne lecture, et vive les hommes simples sur tant de chemins !

(Pour débattre: richard.werly@ringier.ch)

 

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3 Commentaires

  1. Jérôme Laronze est né en 1980 à Macon et grandit dans une ferme familiale, la ferme des Senauds en Saone-et-Loire. En 2003, à la retraite des parents, il dirige seul l’exploitation de 130 hectares et y élève des bovins. En 2010, il convertit sa ferme en agriculture biologique, un pionnier pour l’époque. En 2014, repéré par la confédération paysanne pour ses qualités humaines et talents oratoires, il y adhère puis en devient le co-porte-parole en 2016. Son cheval de bataille est la lutte contre la course “folle” à la traçabilité de l’agro-industrie. Il va connaitre, à partir de là ses premiers “ennuis” administratifs et les contrôles vont s’abattre sur lui. L’administration ne cessera de relever ses manquements aux règlementations à la règlementation nationale et européenne qui conditionnent l’octroi des indemnités. Le cas Laronze est un exemple d’une administration qui ne cessera d’administrer son acharnement administratif sur une agriculture en crise. On ne peut éviter de penser à l’acharnement et à la cruauté de Staline à l’égard des Koulaks qui les conduiront à la famine et à leur extermination. Dans “Chroniques des états d’âmes ruraux”, il expose et dénonce l’enfer administratif et le temps qu’il doit sacrifier pour s’y soumettre. Le 11 mai 2017, jour d’un nouveau contrôle, dépassé et désespéré, il prend la fuite. une fuite qui mobilise la gendarmerie locale pendant 9 jours et qui se termine par un désastre. Le 2O juin 2023, Jérôme Laronze est abattu par un gendarme : un tir de Trois balles, une sur le flanc de Jérôme Laronze et deux dans le dos. Optimiste Pierre Bachelet ! Sauf erreur le dossier est toujours en instruction, sans visibilité finale à court terme…
    Cette affaire, emblématique de la situation de l’agriculture en France et en Europe, a fait l’objet d’une série d’articles de Florence AUBENAS dans le journal “Le Monde” (disponibles sur internet). Une tragédie de Guillaume CAYET, “Neuf mouvements pour une cavale” à fait l’objet d’une pièce en forme de monologue qui s’inspire de l’évènement (diffusée sur France culture le 13/09/2019). Un documentaire “Sacrifice paysan” réalisé par Gabrielle CULAND est consacré à J Laronze a été diffusé par ARTE en 2022. Yeelem JAPPAIN a mis en scène “Petit Paysan Tué”, inspiré de l’histoire, et diffusé par France Télévisions le 15/11/2022. Corinne ROYER, a publié en 2021, un roman magnifique “Pleine terre” (Ed “Actes Sud, 336 pages, 2023) s’inspirant de l’histoire de Jérôme Laronze. Le 14 mai 2017 le président de la République était investi. Que n’a t-il fait depuis ? Que la justice n’a t-elle fait ? 6 ans et demi !

  2. En 2019, Michel Houellebecq nous donne 350 pages écrites à l’encre noire, “sérotonine”. Le héros, dans la déréliction et l’abandon existentiel et en dépit de l’absorption toujours plus massive de doses de captorix mélangées à l’alcool n’arrive pas à échapper à l’abandon. L’auteur nous dresse une fresque de la solitude qui s’est emparée des êtres dans les sociétés modernes. Dans une prose réaliste transcendée par le désespoir, l’auteur s’empare de tous les sujets qui agitent la société actuelle : l’écologie, les OGM, Monsanto, la maltraitance animale et la description des poulaillers, les bobos et les “rurbains”, les investisseurs de lofts et de moulins de la Creuse, un féminisme qu’une actuelle Sandrine Rousseau illustre caricaturalement, l’obsession érotico-pornographie boostée par l’écran et sa libido malade et déréglée par la chimie médicamenteuse comme dans l’alimentation par les pesticides, le star-système du petit écran le tout sur une description apocalyptique des campagnes françaises : tout y est… L’auteur, Cassandre, dévoile à sa façon prophétique la semaine qui vient de s’écouler, une autre “semaine sainte” … la colère des paysans, le suicide qui les guette, la désertification des campagnes et l’hyper-marché façon “Édouard-Leclerc” qui est devenu le “cœur” du village, “ver dans le fruit” qui commercialise les viandes du Brésil et d’Argentine, les fruits et légumes venus du Chili et bientôt le lait de la Nouvelle-Zélande. Les consommateurs, rongés par l’inflation, étranglés, s’y précipitent, à la recherche de marchandises à des prix rendus compétitifs car non soumises aux règles européennes bureaucratiques mais surtout ubuesques et délirantes – sanitaires, environnementales, sociales – auxquelles échappent ces producteurs et distributeurs mondialisés en vertu de traités internationaux multiples. Règles qui sont imposées à à une grande partie des paysans hexagonaux et dans toute l’Europe sous la contrainte de contrôles tatillons inventés par les instances européennes sur lesquelles les autorités nationales se défaussent. “Je ne vous lâcherai pas “dit le premier ministre dans une formulation qui supporte la double acception… Le suicide des paysans n’est pas qu’individuel, il est organisé par des pouvoirs aux mains d’intérêts financiarisés puissants, un suicide du secteur agricole mais un “suicide assisté” par des expédients, des rustines sorties comme par miracles des carnets de chèques ministériels de Monsieur Werly. Le monde rural étant une des racines fortes de la civilisation européenne et pas seulement s’effondre avec la culture qui y est associée. Avec Houellebecq tout y passe ! Une lueur, bien faible, semble subsister : l’amour, mais lui aussi gangréné par la destruction généralisée qui finit par atteindre les couples de “sérotonine” et se terminer dans un désastre. L’amour n’est pas dans le pré comme aime le voir la romance néo-rurale vue par une écologie parisienne et “boboïsée”. L’islam en marche est absent, c’était dans un livre précédent. Michel Houellebecq sait de quoi il parle, après des classes préparatoires il a intégré l’Institut national agronomique Paris-Grignon ou il suivra les cours de René Dumont et en sortira ingénieur agronome. Houellebecq est certes un écrivain anti-moderne, ce qui lui vaut d’être classé et stigmatisé, avec Tesson, Millet et d’autres, dans le catégorie des écrivains d’extrême,-droite par des écrivains qui n’ont rien écrit… Leur condamnation est définitive et l’autodafé proche … Pierre Bachelet, en 1998, chantait : “paysan tu es, paysan tu seras… Il y a des jours où je voudrais être coq et gueuler comme un chanteur de rock, réveiller tous les cons de la terre, les banquiers, ministres et ministères…” “paysans tu es, paysan tu sera… on te tuera pas…” optimiste Pierre Bachelet…

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