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FRANCE – POLITIQUE : Vue d’ailleurs, l’Europe «à la française» est-elle en voie de disparition ?

Date de publication : 18/07/2023
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Fiona Scott Morton

 

Chaque semaine, notre ami Richard Werly, conseiller éditorial de la rédaction de Gavroche, nous livre sa vision de la France sur le site d’actualités helvétique Blick. Vous pouvez vous abonner. Ou consulter sa lettre d’information Republick.

 

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Cela ne vous a peut-être pas échappé. Quand je dis « vous », je parle de ceux qui, comme moi, s’intéressent aux questions européennes et à la bonne (ou mauvaise) marche de l’Union avec laquelle la Suisse continue de valser sans vraiment danser.

Je ne pense pas, en écrivant ces lignes, à la visite que doit effectuer ce mardi 18 juillet le Conseiller fédéral Ignazio Cassis à Bruxelles, dans l’espoir de temporiser encore un peu avant d’ouvrir de véritables négociations avec le géant politique communautaire qui encercle la Confédération. Je pense à l’affaire Fiona Scott Morton, du nom de cette universitaire américaine embauchée par la Commission européenne comme économiste en chef de sa direction chargée de la concurrence. Un poste supposé clé dans le dispositif européen de (tentative de) réglementation des GAFAM, les géants de l’internet. Je vous résume le pitch : selon ses détracteurs, voilà l’UE, une fois encore, prise la main dans le sac de son incompétence et de ses conflits d’intérêts. Pire : voilà la preuve que l’actuelle présidente de la Commission, l’Allemande Ursula von der Leyen, mange dans la main de Washington !

 

J’ai donc fait le tour de la presse européenne pour voir si l’indignation des médias français a fait tache d’huile. Eh bien… Non ! Silence presque total partout ailleurs. Je ne dis pas ici que le buzz tricolore est injustifié. On sait que la France, souvent, reste la seule à élever la voix contre les États-Unis dans les enceintes européennes où beaucoup de pays membres se mettent à genoux devant la Maison-Blanche. Faut-il pour autant accuser déjà cette économiste d’être « un ‘cheval de Troie’ pour les Big Tech ? » Je m’interroge…

 

La Suisse a appris à ses dépens que les meilleures recrues, pour combattre l’évasion fiscale et tuer le secret bancaire helvète, furent dans les années 2000 des banquiers privés repentis. Fiona Scott-Morton, francophone soutenue par le Prix Nobel d’économie français Jean Tirole, n’est-elle pas surtout victime de ce sentiment d’abandon irrémédiable et inéluctable d’une Europe « Made in France » ? Doit-on encore, pour ce type de mission, s’arrêter sur la nationalité ou sur les compétences ? L’intéressée est-elle, parce qu’Américaine, une infiltrée en puissance qui rapportera directement les secrets européens à Mark Zuckerbeg ou Elon Musk ? Ou va-t-elle au contraire permettre de mieux réglementer et mieux préparer l’Union, par sa fine connaissance des rouages de la Silicon Valley ? Je l’avoue : je n’aime pas ce bashing bleu-blanc-rouge. Logique sans doute : je suis d’une génération qui vit la France se passionner pour le minitel et rater le virage de l’internet, en expliquant que le premier était bien sûr beaucoup mieux. C’est dire si à Paris, on a toujours raison.

 

Bonne lecture, et n’oubliez pas que sans les Ricains…
(Pour débattre : richard.werly@ringier.ch)

 

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1 COMMENTAIRE

  1. N’aurait-il pas été plus judicieux d’aller pêcher une experte dans les eaux du léman ? La question de la neutralité d’une candidate / impétrante hélvète n’aurait pu être mise en doute …

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