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FRANCE – POLITIQUE : Vue d’ailleurs, merci pour ce roman, Bruno !

Date de publication : 09/05/2023
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Fugue américaine Bruno Lemaire

 

Chaque semaine, notre ami Richard Werly, conseiller éditorial de la rédaction de Gavroche, nous livre sa vision de la France sur le site d’actualités helvétique Blick. Vous pouvez vous abonner. Ou consulter sa lettre d’information Republick.

 

En voici l’éditorial. L’intégralité de la newsletter disponible ici.

 

Merci Bruno Le Maire ! En publiant, alors que la bataille sociale sur la réforme des retraites bat toujours son plein, son dernier roman intitulé « Fugue américaine » (Ed. Gallimard), le ministre français des Finances vient d’adresser une leçon à tous ses compatriotes, qui sont aussi des contribuables.

 

Le message ? Votre mission professionnelle, même à la tête des finances publiques d’un pays de plus en plus surendetté, ne doit pas l’emporter sur vos passions. Qu’importe la douleur des chiffres. Qu’importe l’avalanche de menaces financières mondiales. La littérature doit savoir résister aux exigences de la fonction et de la conjoncture. Écrivez. Prenez la plume. « Fuguez, faites le pas de deux et le pas de côté » comme le chante joliment Juliette Armanet. Bref, rêvez d’un autre monde pour échapper aux contraintes de la réalité.

 

Finances publiques ou littérature : il est vrai que ce combat-là est inégal. Et pas seulement vu de Paris. D’un côté, les mornes statistiques, l’inflation, l’obligation de couper dans les budgets, puis la nécessité de faire des chèques pour calmer les colères du pays. De l’autre, l’intelligence du cœur et le vocabulaire de la passion, y compris lorsque celle-ci dérape en pulsions carrément sexuelles. Alors, amis français, que préférez-vous ? Le sérieux ou la mauvaise réputation ?

On sait que l’écriture et les livres étaient aussi la passion de François Mitterrand, ce président si littéraire dont Catherine Nay dressa un splendide portrait dans « Le Noir et le Rouge », inversant le titre du chef-d’œuvre de Stendhal. On se souvient que Valéry Giscard d’Estaing aussi perdit sa plume dans ses désirs au point que son éditeur, Bernard Fixot, supprima ces lignes dans son roman à clef « La princesse et le président », publié en 2009 et consacré en filigrane à Lady Diana : « Dans les yeux de Patricia, la surprise fut en effet vite remplacée par le désir, et Jacques Henri sentit se refermer autour de son sexe dur des lèvres fermes et avides. Il considéra cela comme un assentiment. Il était de toute façon un peu tard pour faire machine arrière… »

 

Oui, l’on sait tout cela. Tout comme l’on sait que les diplomates français ont toujours eu l’encrier facile, de la « Chartreuse de Parme » de Stendhal, aux poèmes d’Exil de Saint-John Perse (Alexis Léger) ou encore aux « Racines du ciel » de Romain Gary. Mais il y a une différence. Mitterrand et Valéry Giscard d’Estaing ont écrit à l’issue de leur mandat. Le métier d’ambassadeur ou de consul est, par définition, basé sur la représentation. Ministre des Finances est une autre partition.

Antoine Pinay, le frugal grand argentier français des années 1950, originaire de Saint-Chamond, aimait dire en souriant que « les exportations des films de Brigitte Bardot rapportent à la France autant de devises que la régie Renault ». Mais à la différence de Bruno Le Maire, il n’envisagea jamais de ravir la vedette à BB.

 

Bonne lecture, autour d’une question simple : «Tu veux ou tu veux pas»!
(Et pour débattre : richard.werly@ringier.ch)

1 COMMENTAIRE

  1. Notre helvète hebdomadaire n’est pas, à ma grande stupéfaction, marqué par un puritanisme extrême auquel la fréquentation des berges du Léman devrait conduire. La fréquentation assidue des studios parisiens semblent avoir eu raison d’une certaine réserve genevoise pour adopter la posture libertine supposée toute française. Je résisterai à ajouter d’autres passages alléchants du même acabit , l’un d’entre eux se terminant par “Je viens , Julia, Je viens” … veni, vidi, vici ( une nouvelle version de la guerre des gaules après avoir franchi le rubi-con …. Notre éditorialiste helvète aurait pu citer Pierre Perret et suggérer qu’on y fit un juste complément. La leçon d’anatomie de ce “Grand Ministre”, désormais sacralisé par la “littérature”, façon typiquement française, par l’évocation d”un autre “blason” du corps” si cher, dit-on, à notre cher Wladimir H et qui fit le désespoir de son épouse semble manquer au tableau. On se reportera à certains poèmes de Verlaine ( ne pas confondre avec Werly). Attendons un second volume. Remercions néanmoins le Grand Écrivain” pour la plupart des passages serviront de bases pour préparer les épreuves de culture générale des concours administratifs. La platitude du style et l’inanité des propos est néanmoins assortie termes plus ou moins “précieux” et d’un déluge d’adjectifs inutiles … “Des mains gantées de pécari moulinaient avec dextérité les volants dentelés en bakélite aussi patinés que du vieil ivoire”) ou dans le registre cul-inaire ( “Soshanna ! Attention à ne pas trop griller les rognons” ou encore ” Maxime, Les rognons vont brûler” ! ” ou encore ” Quand est-ce que tu m’encules” ?). Notre candidat au concours de la rue de Bercy pourra améliorer ses connaissances dans plusieurs langues dont l’écrivain use et abuse sans nous les traduire. Admirons toutefois que l’exercice fastidieux du ” Grand Ministre” s’est bien gardé d’introduire la moindre écriture inclusive, Remercions le ! Il n’empêche que si la lecture de cette œuvre commence par un renflement elle se termine rapidement en ronflements.

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