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FRANCE – POLITIQUE : Vue d’ailleurs, une inconnue nommée Brigitte

Date de publication : 21/11/2023
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Brigitte Macron visite Suisse

 

Chaque semaine, notre ami Richard Werly, conseiller éditorial de la rédaction de Gavroche, nous livre sa vision de la France sur le site d’actualités helvétique Blick. Vous pouvez vous abonner. Ou consulter sa lettre d’information Republick.

 

En voici l’éditorial. L’intégralité de la newsletter disponible ici.

 

Elle pose cette semaine en couverture de Paris Match. Avec cette phrase en guise d’introduction : « J’ai l’influence qu’une femme peut avoir sur son mari ». Vrai ? Seulement l’influence d’une épouse ? Avouez que vous aussi, vous n’y croyez pas trop. Brigitte est tout ce qu’Emmanuel Macron n’est pas.

 

On l’a bien vu en Suisse, lors de la visite d’État du couple. Brigitte s’approche des gens moins pour les charmer que pour les écouter. Elle visite les écoles moins pour cocher la case du président parfait que pour parler aux enseignants et aux élèves, elle qui fréquenta des salles de classe durant toute sa carrière. Nous avons, à Blick, une chance formidable et unique. Notre portrait de Brigitte Macron, cette enseignante qui rêve de retourner à l’école, a été traduit en allemand sur deux pages dans le « Sonntag Blick ». Et aussitôt, la question est tombée. « A quand, son interview ? » Bien vu, Zurich. C’est elle qu’il fallait voir plutôt que d’essayer d’obtenir un entretien présidentiel sur la démocratie directe.

 

Voilà, vous savez tout. Nous rêvions, chez Blick, qu’une poignée de nos lecteurs, cet échantillon de Suisse réelle (pas celle des entrepreneurs tech et des philanthropes milliardaires) débattent du référendum avec Emmanuel Macron. Raté. Porte claquée. Circulez, y’a rien à voir ! Pourquoi demander aux Suisses ce qu’ils pensent de la démocratie directe puisqu’ils la pratiquent ? Mieux vaut la promettre en France et faire un coup de com, aussitôt retombé puisque les partis politiques ont dit « non » le 17 novembre. Marine Le Pen, elle, a dit oui dans nos colonnes. Sous conditions. Et sans épouser tel quel le modèle suisse.

 

Vous savez quoi ? Après avoir rencontré la cheffe du Rassemblement national et vu Brigitte Macron aux côtés de son mari, une évidence m’est apparue. Le vrai, le bon, le pertinent débat serait celui qui opposerait ces deux femmes politiques. L’une, héritière d’une dynastie de droite dure nationale-populiste. L’autre, issue d’une famille bourgeoise de Picardie, forgée par l’enseignement catholique puis propulsée dans les cercles de pouvoir. Brigitte vs Marine : et si la République sortait gagnante de leur échange ?

 

Bonne lecture, et un clin d’œil à une autre Brigitte

(Pour débattre: richard.werly@ringier.ch)

 

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4 Commentaires

  1. “Ce que Macron n’est pas” : vous commenterez, sous forme de dissertation suivie, ce que Macron n’est pas. Vous avez quatre heures.

  2. Dans la généalogie des mythes, une place doit être réservée à la Suisse. Il n’est pas excessif d’affirmer que Jean-Luc Godard, accoucha de Brigitte. Et il n’est pas exagéré de dire que le Dieu qui la créa fût Godard. Cet autre franco-suisse, trempé dans les eaux puritaines du Léman a refoulé un temps ses obsessions calvinistes. Le XVIII ème siècle français s’est rappelé à sa mémoire. Celui de Cholderos de Laclos de Mariveau et de Beaumarchais comme une certaine tradition du cinéma français, de Guitry à Claude Autant-Lara en passant par Michel Deville et son admirable “Benjamin ou les mémoires d’un puceau”. C’est avec Godard que le corps n’est plus abstrait, Brigitte Bardot en est l’incarnation. BB vint et dissipa nos anciennes valeurs, Edwige Feuillère, Danielle Darieux, Arletty assujetties aux impératifs des limitations de l’exposition de la femme désirée et désirante. Dans les scènes cultes de “Et Dieu…créa la femme” BB repousse le regard le l’homme qui la découpe en morceaux, les fesses, les seins, et affirme la plénitude de son corps. Par la même, Bardot apporte la réponse au désir de jouissance. Et ce fût un puritain qui accoucha de cette révolution sur l’écran. Godard en exalte l’évidence sur l’image, sur la musique, sur les dialogues. Avec “Et Dieu créa la femme”, la coupure est épistémologique. Sur l’évolution des mœurs, en tout cas en France, Bardot et Godard sont une espèce de point de fixation au delà du cinéma de rêve…

  3. Les Brigittes nous évoquent tout un imaginaire et en retracer l’histoire c’est revisiter tout un pan de la culture française. Il en existe bien une contrairement à certaines affirmations hâtives… Bardot est le sommet incandescent de cette culture immortalisée un temps dans dans nos “maisons communes”. A quoi pensaient donc ces militants d En marche, au soir du premier tour de l’élection de 2017 à la porte de Versailles. Certes à l’époux hissé au pinacle mais pas que… auraient-ils crié Cécilia, Carla, Valérie, Julie ? On peut en douter. Ces trois voyelles ensorcelantes et répétées jusqu’à l’ivresse charrient des flots de fantasmes, Brigitte Fossey l’innocente de “Jeux interdits”, Brigitte Lahaye ancienne star du porno mais surtout un mythe : le mythe Bardot. Un mythe hexagonal mais pas seulement, il conquit, entre autre, les plus hauts sommets de l’Helvétie comme le rappelle la mémoire encore émoustillée de notre bien aimé éditorialiste qui, dans un effort louable, tente de le propager sous les tropiques. Un mythe mais plus que cela, elle est la preuve de l’existence de Dieu, car si Dieu créa la femme, Dieu créa le mythe. Il commence dans le magazine “Elle” où elle pose, elle a 15 ans. Le projet de film avec Yves Allégret ne se fait pas mais il permet la rencontre avec Roger Vadim. En 1956, nait “Et Dieu … créa la femme”, une révélation qui irradie la scène encore puritaine. C’était mes dix ans et la puberté commençait à alimenter ses feux .. Elle y contribua… Un avant goût nous avait été offert dans “le trou normand” avec Bourvil en 1952. B B c’est d’abord un corps, légèrement recouvert de vêtements sexy ou bikini de coton rose voire d’une serviette de bain dissimulatrice et révélatrice. Bri Bri c’est des cheveux blonds tantôt en cascade, tantôt en choucroute, c’est une voix, c’est une diction, c’est des répliques : “Tu vois mon derrière dans la glace, tu les trouve jolies mes fesses” et de poursuivre “Et mes seins, tu les aimes” ? Tout le monde en parle même les intellectuels, Duras, Cocteau… Dans ses Myologies, Roland Barthes écrivait, en 1954, “Elle représente un érotisme de tous ces substituts protecteurs qu’étaient le semi-vêtement, le fard, le fondu, l’allusion, la fuite”. Simone de Beauvoir avait ce mot formidable : “elle tenterait même un saint” (sans jeu de mot). Parmi la filmographie certains sont des films cultes : Le Mépris, Pierrot le fou, Cet obscur objet de désir. BB c’est aussi des chansons : la madrague, Moi je joue, Tu veux ou tu veux pas, Harley Davidson… C’est aussi des idées politiques et des croisades animalières. L’époque qu’elle incarna avec cette insolence et une liberté absolue de vivre nous à évité, à la France aussi, la dépression. Cette époque bénie est bien lointaine, les Brigittes qui portent encore aujourd’hui la marque de cette période ne font que révéler notre paradis perdu. La tentative de Frigide Barjot en fût le clou.

  4. L’appel du pied de R. Werly sera-t-il exhaussé ? Réussira-t-il a réunir dans un face à face juteux deux héritières et représentantes de familles bourgeoises ? Paris et la province… Avoir enseigné dans un établissement catholique ne garantit pas de son “appartenance” religieuse. On n’y fait “carrière” lorsque qu’on n’a pas réussi les concours de recrutement seules portes d’entrée dans le secteur public et l’école républicaine. On risque d’être surpris, au delà des différences d’accoutrements vestimentaires et langagiers et par delà les ressemblances capillaires par les parentés et les accointances. En tout cas enseigner dans les établissements confessionnels est, pour la bourgeoisie – notamment provinciale – la garantie d’une éducation exempte de tous les “vices” attribués à l’école publique et laïque. Dans le cas présent il semble qu’on pratiqua des “accommodements raisonnables”, mais ne cédons pas à l’esprit grincheux et n’en faisons pas tout un plat et encore moins une maladie sans parler d’un cake… nerveux. Sur un point au moins, nous avons à faire à deux … révolutionnaires et… disruptifs.
    Et comme France tout finit par des chansons, chantons avec R Werly qui, sur ce point, ne rate pas une occasion …

    Tu me fais tourner la tête,
    Mon manège à moi c’est toi
    Je suis toujours à la fête
    quand tu me tiens dans les bras
    Ça ne tourn’rait pas plus qu’ça
    La terre n’est pas assez ronde
    Pour m’étourdir autant qu’toi

    Qu’est-ce qu’on est bien tous les deux
    Quand on est ensemble nous deux
    Quelle vie on a tous les deux
    Quand on s’aime comme nous deux
    On pourrait changer d’planète
    Tant que j’ai mon cœur près du tiens
    J’entends les flonflons d’la fête
    Et la terre n’y est pour rien

    Ah oui, parlons en de la terre
    Pour qui elle se prend la terre ?
    Ma parole y a qu’elle sur terre
    Y a qu’elle pour faire tant de mystères

    Mais pour nous y a pas d’problèmes
    Car c’est pour la vie qu’on s’aime
    Et s’il n’y avait pas d’vie même
    Nous on s’aimerait quand même
    Car
    Tu me fais tourner la tête (bis repetita placent)

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