La deuxième rencontre des responsables des journaux francophones édités dans les pays où la langue française est minoritaire, qui s’est déroulée à Hanoi du 24 au 26 juillet dernier à l’initiative de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), a débouché sur un constat inquiétant : la presse écrite est dans une situation alarmante et s’enfonce inexorablement dans la précarité.
Le résultat d’une crise structurelle qui touche aujourd’hui l’ensemble du secteur, comme l’a souligné Jean-Yves Vif, directeur de la publication du Journal du Centre (Groupe La Montagne Centre-France) pour qui « cette situation d’effondrement de la presse en général » serait le résultat de « l’abandon définitif des gros annonceurs et d’un modèle économique vers le pluri-media qui n’a pas encore été trouvé. » Un constat repris par l’ensemble des participants, tous confrontés aujourd’hui à une situation financière fragilisée par le manque de rentrées publicitaires et la taille limitée du lectorat francophone dans les pays où le français est minoritaire.
Tidiane Dioh, responsable des programmes médias de l’OIF et médiateur de la rencontre, a souligné de son côté « l’intérêt fondamental » des Etats membres de la Francophonie d’accompagner ces journaux dans les pays où le français est minoritaire. « La Francophonie est une île. Tout le travail consiste à ce que cette île ne soit pas coupée du monde ». Un soutien politique semble indispensable alors que « la presse francophone dans le monde est sous-subventionnée par rapport à la presse anglophone », comme l’a rappelé Jean-Arnault Dérens, rédacteur en chef du Courrier des Balkans.
Si aucune résolution n’a été prise lors de cette rencontre, plusieurs pistes de réflexion ont été évoquées. Parmi elles, celle de consolider une stratégie d’ensemble à échelle régionale orchestrée par l’OIF qui permettrait de mutualiser les besoins (formation de journalistes, accès aux réseaux d’aides au financement, échanges d’articles, élargissement du lectorat, formation aux nouvelles stratégies du bi-média…), et un soutien politique plus fort des Etats qui ont compris que les supports de presse en français de qualité, publics ou privés, sont un axe essentiel de développement de la Francophonie dans le monde. Un effort d’accompagnement qui semble nécessaire et indispensable pour aider la presse écrite francophone à résister.
Philippe Plénacoste