Une mode vestimentaire inédite a fait récemment une apparition quasi-épidémique en Chine. C’est le facekini. Étrange phénomène qui permet de voir sans être vu. Patrick Chesneau y consacre sa chronique.
On croirait des plages en enfilade réquisitionnées pour le tournage d’un film. Des foules compactes de figurants agglutinés en bord de mer. Une sorte de superproduction costumée. A la vérité, il n’y a là aucune mise en scène. Seulement la réalité comme décor. Pas d’effets spéciaux. Ce que l’on voit, ce sont des portions entières du littoral soudain peuplées de milliers de répliques de Spiderman et surtout de Spiderwoman. Non seulement le visage est masqué mais toute la tête est enserrée dans une sorte de capuche en latex. Succès foudroyant d’un accoutrement plutôt profilé, a priori, pour la plongée ou le snorkeling. Appelé facekini.
Le motif initial du port de cette cagoule est de couvrir intégralement crâne, faciès, cou, nuque et cheveux, pour se préserver des températures jugées caniculaires l’été par les estivants dans certaines zones côtières de l’Empire du Milieu. En espérant qu’on ne transpire pas trop dans cette camisole. Quand le soleil liquéfie tous les êtres vivants dans le périmètre de ses rayons ardents, il s’agit même d’éviter les brûlures du visage et du corps. Seuls de petits orifices ont été découpés à l’emplacement du nez et des yeux. Certaines combinaisons sont vendues avec des manches qui recouvrent tout ou partie des bras. Les femmes raffolent de cette tenue-caoutchouc qui préfigure un harnachement pour homme et femme-grenouille. Le but est aussi prophylactique.
En Asie, il est de bon ton de se protéger de l’astre incandescent pour garder la peau aussi claire que possible. Un épiderme blanc laiteux voire un nuancé chromatique proche de l’huitre est, en Chine, le comble de la beauté, de la séduction et du raffinement. Pieds pieds à l’eau tout en barbotant incognito entre les vagues. C’est l’anti-reconnaissance faciale au moment du bain. Les sémillantes chinoises en font un attirail de mode à vocation amphibie. Pour nager, à tout le moins faire trempette, et pour se prélasser sur le sable chaud entre coquillages et crustacés. Chic et pratique, disent-elles de leur voix acidulée. Au passage, le burkini, qui a tant défrayé la chronique en Occident, passe désormais pour une tenue ultra permissive.
A retenir donc : le facekini. Nouveau et intéressant pour les férus de dissimulation en milieu iodé.
Plus ancien et déjà largement testé aux quatre coins de la planète, le fesses-kini. Tellement protecteur du postérieur humain sous toutes les latitudes et de l’arrière-train qui sifflera trois fois. Le fesses-kini cartonne depuis belle lurette sur toutes les plages du monde. On l’appelle aussi slip de bain ou maillot de bain. Pour filles et garçons avides de plaisirs marins.
Patrick Chesneau
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