On ne cherchera pas à masquer notre surprise. Nous ne pensions pas, à la rédaction de Gavroche, que la Cour Constitutionnelle thaïlandaise mettrait brutalement un terme au mandat du premier ministre Prayut Chan Ocha, en poste depuis la prise du pouvoir par les militaires en 2014.

L’agenda diplomatique de cette année 2022, avec le sommet de l’APEC en novembre à Bangkok, mais aussi les contraintes qui pèsent sur l’économie, plaidaient en faveur du maintien au pouvoir de cet ancien chef de l’armée qui a su naviguer, depuis huit ans, entre les différentes forces qui gravitent autour du pouvoir en Thaïlande, du palais Royal aux influents milieux d’affaires, sans compter évidemment les forces armées.

Surprise donc, mais avec en fin de compte autant de questions que de réponses. Certes, la justice a fait prévaloir le droit et c’est une bonne nouvelle dans un pays souvent gangrené par l’impunité. Mais les leviers du pouvoir et du pays restent dans les mêmes mains. Avec, au dessus de la mêlée, un monarque qui aura évidemment son mot à dire, ou bien plus encore sur la succession qui se prépare.

Dans le collimateur ? Évidemment les prochaines élections législatives et le retour en force du clan Shinawatra, sans doute affairé en coulisses à négocier un compromis avec les militaires. La preuve est de nouveau faite avec cette décision de la cour constitutionnelle : les alternances politiques, en Thaïlande, échappent aux logiques démocratiques traditionnelles.

Croire que le Général Prayut, qui demeure ministre de la défense, va disparaitre de la scène politique est aujourd’hui plus que prématuré. Que des manœuvres redoutables entre factions de l’armée transforment ces prochains mois en bataille politique rangée n’est en revanche pas à exclure. Ce dont le pays et les Thaïlandais n’ont guère besoin.