L’opposant cambodgien Sam Rainsy l’a annoncé et il est peu probable qu’il change d’avis: le 9 novembre, celui qui court le risque de se retrouver immédiatement arrêté et incarcéré – en raison de sa condamnation à cinq ans de prison en 2016 pour avoir posté sur Facebook un billet sur l’effacement présumé de la frontière entre Vietnam et Cambodge – débarquera à l’aéroport de Phnom Penh. Attention, séisme ! Sam Rainsy, s’il tient parole, s’organisera pour médiatiser au maximum ce retour. Plusieurs parlementaires français, européens et américains ont déjà été contactés pour l’accompagner. L’on attend, ces prochaines semaines, la réaction du premier ministre Hun Sen qui suit surement cela de très près.

La politique au Cambodge est avant tout l’art des réglements de compte. Le premier ministre Hun Sen croyait donc, après la condamnation de Sam Rainsy et le placement en résidence surveillée du co leader de l’opposition Kem Sokha, avoir étouffé la contestation. La victoire écrasante du parti gouvernemental aux élections législatives de juillet 2018 semblait apporter la preuve de ce rouleau compresseur. Plus aucun siège pour l’opposition et 125 députés, soit la totalité de la chambre, pour le Parti du peuple Cambodgien au pouvoir !

Conséquence: c’est désormais à l’étranger que l’opposition cambodgienne en exil concentre ses forces et ses efforts pour alerter l’opinion, en particulier sur l’influence croissante de la Chine dans le royaume. Mais rester loin du pays présente toujours un risque. D’où la volonté de Sam Rainsy d’en finir avec cette marginalisation de facto. Réfugié en France, où il réside, l’ancien ministre des finances et son épouse Saumura Tioulong, savent qu’ils doivent demeurer dans le radar de leurs compatriotes pour que leur parti, le Cambodia National Rescue party, demeure une alternative crédible. Voici donc venu l’heure du nouveau bras de fer entre Sam Rainsy et Hun Sen. Il aura lieu le 9 novembre. D’ici là, les coups bas et les annonces ne vont pas manquer.