La pandémie a révélé ce que beaucoup d’observateurs diagnostiquaient depuis plusieurs années: l’incapacité des administrations au pouvoir dans les pays émergents d’Asie du Sud-Est à mener une politique destinée à répondre prioritairement aux besoins sanitaires, sociaux et économiques de leur population.
La vérité est que les anciens « tigres » de l’Asie du Sud-Est n’ont, cette dernière décennie, fait que surfer sur la dernière vague de délocalisation et sur l’afflux d’investissements étrangers. Les infrastructures se sont améliorées, mais pas autant que la situation démographique et sociale l’exigeait. Pour faire simple : les gouvernements, y compris celui du Vietnam communiste, ont fait de la logique clientéliste la règle : offrons le meilleur service possible aux investisseurs et le reste suivra. En fermant les yeux sur les pans entiers de l’activité publique laissés en jachère et sur la problématique transformation de leurs métropoles, assurées d’être invivables à l’heure de la mutation écologique.
La théorie du ruissellement
Pour reprendre un terme controversé en France, les autorités des pays d’Asie du Sud-Est, démocratiquement élues ou non, ont cru au ruissellement, comme s’il suffisait que l’argent coule à la bourse et dans les grands projets d’investissement pour qu’il bénéficie à l’ensemble de la population. Erreur. Le ruissellement n’existe pas. Gouverner exige de choisir. L’intérêt du plus grand nombre ne peut pas être celui de quelques uns. Le virus du Covid-19 est une plaie pour tous, à commencer par les plus faibles. Mais il met à nu une vérité : les pays émergents n’ont pas été transformés par la croissance économique. Ils se sont juste enrichis. Ce qui, face à la pandémie, n’apporte guère de solutions.