N’y allons pas par quatre chemins : Prabowo Subianto a très probablement du sang sur les mains. L’ex-commandant en chef des forces spéciales indonésiennes et ex-gendre du dictateur Suharto n’a jamais hésité à utiliser la force pour faire taire ses opposants ou créer un chaos qui lui profite. Imaginer que cet homme, aujourd’hui ministre de la Défense, succèdera en 2024 à l’actuel président de l’archipel Joko Widodo sans être tenté de monopoliser tous les pouvoirs est donc un rêve difficile à faire…

Seulement voilà, la politique est aussi l’art de la patience. Et dans l’immense Indonésie, comme dans le reste de l’Asie, c’est très souvent une affaire de famille et de clans.

« Jokowi », deux fois élu, a dès lors choisi celui qui, s’il tient parole, permettra à son fils d’accéder ensuite un jour à la tête de l’État, en l’imposant comme candidat à la vice-présidence. Prabowo est-il pour autant sous contrôle de celui qui l’a battu deux fois dans les urnes ? On peut en douter.

Parler de l’Indonésie en cette rentrée 2024 peut surprendre de la part de Gavroche, enraciné en Thaïlande depuis bientôt trente ans. L’enjeu régional le justifie pourtant pleinement.

Lors du premier tour de la présidentielle indonésienne, le 14 février prochain, c’est une partie du sort de l’Asie du sud-est qui se jouera. Prabowo, général tourné vers les États-Unis comme son ex beau-père Suharto, n’est sans doute pas le dirigeant que la Chine aimerait voir à la tête du premier pays musulman du monde.

La question de l’Islam est aussi décisive. Dans le passé, Prabowo n’a jamais hésité à avoir partie lié avec les groupes musulmans radicaux. Il affirme, en 2024, que rien ne le fera dévier de sa ligne démocratique, respectueux de toutes les confessions et de toutes les opinions. Attendons de voir. Le recyclage démocratique de ce Général sans scrupules ne sera sans doute pas de tout repos.

Bonne année 2024 !

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