Dans le brouhaha sanitaire actuel, la tentative de réformer la constitution thaïlandaise entamée au parlement passe évidemment inaperçue. On le sait : celle ci a peu de chances d’aboutir et les militaires au pouvoir ne laisseront pas le royaume revenir à une charte fondamentale plus démocratique. Cela dit, l’opposition peut s’exprimer. Les autorités sont publiquement mises en cause. Le premier ministre est attaqué. Dans cette région où l’expression politique est muselée, le débat politique thaïlandais survit. Et c’est une bonne nouvelle, malgré toutes les raisons de s’inquiéter…
La bataille est engagée au parlement thaïlandais pour réformer ce texte qui permet notamment aux sénateurs nommés d’exercer un pouvoir disproportionné. Espérons qu’il conduira tout de même à des réformes, et qu’il donnera des arguments à l’opposition pour demeurer au centre du jeu, alors que les rumeurs de possibles élections générales sont persistantes. Il ne s’agit pas de fermer les yeux, mais au contraire de les ouvrir.
La Thaïlande conserve un espace de liberté politique restreint, mais dynamique. Comparé à la Birmanie, au Vietnam ou au Cambodge, mais aussi à la Malaisie en plein délitement politique, le royaume poursuit son chemin hybride, sous la surveillance d’une monarchie toujours toute puissante.
Remercions tous les opposants qui risquent gros en tentant tête au pouvoir thaïlandais. Remercions aussi les jeunes militants qui se sont battus pour faire vivre leurs revendications démocratiques. Certains sont encore en prison, accusés notamment du délit de lèse majesté. La Thaïlande est loin des standards des démocraties occidentales. Mais son système politique n’est pas (encore) monolithique et complétement verrouillé. Il est important de le redire.