La Thaïlande n’est pas toujours le pays du sourire. Ces dernières années, malgré l’intérêt accordé par les autorités thaïlandaises à Emmanuel Macron et à la France, quelques cailloux demeuraient dans la chaussure diplomatique et politique entre les deux pays. Impossible, pour Bangkok, d’accepter sans ciller l’exil en France de plusieurs activistes anti-monarchie, et pas simple, pour Paris, de miser sur une coopération renforcée avec un pays d’Asie du Sud-Est aux mains des militaires, en particulier en raison de leurs liens avec la Birmanie voisine, verrouillée par une junte féroce depuis le coup d’État de février 2021.
Tout va mieux
Or voilà que tout va mieux, comme le prouve la rencontre au palais de l’Élysée ce lundi 11 mars du premier ministre Sretha Thavisin et du président Emmanuel Macron. La raison ? D’abord le résultat des élections législatives de 2023, qui ont ramené au pouvoir un gouvernement civil, avec lequel il est plus acceptable de discuter et de coopérer. Ensuite, l’appétit mutuel de rapprochement économique. Les géants du luxe et des cosmétiques français, et des entreprises comme Michelin ou Airbus, voient de longue date la Thaïlande comme un partenaire fiable dans la région. Pas étonnant que Sretha Thavisin, ex-magnat de l’immobilier bien connu du groupe Bouygues, ait multiplié les rendez-vous d’affaires lors de sa visite…
Sourire royal
Le sourire revient aussi parce qu’il est royal. La présence régulière à Paris de la princesse Sirivannavari, fille du Roi Rama X, passionnée d’équitation, est un élément à ne pas négliger. Juste avant l’arrivée dans la capitale française du premier ministre, cette dernière présentait sa collection de mode à l’Hôtel d’Évreux, place Vendôme. Elle devrait, selon nos informations, disposer sous peu d’un «corner» au Bon Marché, propriété du puissant patron du groupe LVMH Bernard Arnault, rencontré par Sretha Thavisin. Ajoutons à cela, enfin, les questions de défense. Bangkok avait acheté dans le passé des canons Caesar, et pourrait passer de nouvelles commandes. Il se dit aussi que des acquisitions navales sont envisagées par la marine Thaïlandaise.
Le sourire revient parce qu’il est sonnant et trébuchant. Chacun y voit son intérêt. Les pérégrinations sympathiques – et très médiatisées – d’Emmanuel Macron dans le quartier chinois de Bangkok en novembre 2022, premier signe de dégel dans la moiteur tropicale de la «Cité des Anges», ont donc porté leurs fruits.
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