Ce qui se passe en Birmanie depuis le 1er février ne doit surtout pas être considéré comme une affaire nationale, dont seul le peuple et l’armée de ce pays d’Asie du Sud-Est sont comptables. Les ramifications induites par ce coup d’État militaire au grand jour survenu le 1er février, à la veille de la convocation du parlement élu, valent pour toute la région. Et si la répression s’enclenche, comme on peut le craindre au vu des affrontements survenue dans la nuit du 14 février, ce lien entre le sort des birmans et celui de leurs voisins sera encore plus ténu.
La Birmanie est un pays familier de l’autarcie. Durant des décennies, ce riche pays d’Asie du Sud-Est a vécu refermé sur lui même. Mais la donne est aujourd’hui différente. La Birmanie s’est ouverte aux investisseurs et aux touristes. Son économie s’est internationalisée. Un nouveau pays est né, dans l’émergence duquel Aung San Suu Kyi porte une grande responsabilité. D’où l’attachement que lui porte son peuple.
Gare donc, à ne pas tomber dans le piège de la non interférence. Il ne s’agit pas de vouloir décider du sort politique du pays à la place des Birmans. Il s’agit juste d’ouvrir les yeux. Plus les militaires mettront ce pays en coupe réglée, plus d’autres généraux, dans la région, seront tentés de faire de même.
Le constat est simple: la démocratie en uniforme est un leurre. Car derrière ces uniformes, quelle que soit la justification officielle, se cache toujours la répression et l’utilisation de la force pour obtenir du peuple le silence et la soumission. Les Birmans de 2021 méritent mieux que cette étreinte kaki. Les casseroles sur lesquelles ils tapent pour protester et défendre leurs libertés bafouées sont aussi celles de leurs voisins.