La première visite officielle en France du premier ministre cambodgien Hun Manet ne pouvait pas mieux tomber pour lui. C’est en effet en plein remaniement gouvernemental, alors qu’un nouveau premier ministre vient de prendre ses fonctions, que l’homme fort de Phnom Penh est arrivé en France samedi 13 janvier. L’attention médiatique, bien sûr, est monopolisée par les affaires intérieures. Il y a fort à parier que la visite de Hun Manet passera sous le radar et qu’elle sera présentée comme une réussite.
Législatives sous la pression du pouvoir
L’ironie de cette visite en France est que Paris est le bastion de l’opposant en exil Sam Rainsy, bien connu des lecteurs de Gavroche. Hun Manet, en arrivant en France, a donc mis les pieds au pays de son principal opposant. L’occasion de rappeler que les élections législatives cambodgiennes, sous la pression du pouvoir, ne se sont pas déroulée dans des conditions démocratiques. L’occasion de redire aussi que les opposants au premier ministre Hun Manet sont des cibles ambulantes pour la justice et la police cambodgienne.
Au pays de Sam Rainsy, Hun Manet ne devrait toutefois pas être trop perturbé par ces accusations. L’heure est aux affaires sonnantes et trébuchantes. Le patronat français a ouvert les bras au nouveau premier ministre, avant le départ de celui ci pour Davos. Attendons toutefois. Hun Manet, fils de l’inamovible Hun Sen, tirera peut-être quelques leçons démocratiques de son voyage en France. Le Cambodge en pleine modernisation économique mérite mieux qu’une impasse autoritaire.
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