Appel à tous ceux que l’histoire et la littérature sur l’Asie du Sud-Est intéresse : ces journées de novembre seront celles du chagrin. La fermeture, par notre ami et chroniqueur François Doré, de sa superbe librairie du Siam et des Colonies à Sukhumvit, doit tous nous pousser à réfléchir. Avec « Le souvenir français », François était l’homme d’un passé qui se conjugue toujours au présent. Il incarnait bien mieux le lien entre la France et cette région que tant d’autres initiatives, publiques ou privées, qui cherchent constamment la lumière et les projecteurs.
Discrétion. Érudition. Humilité culturelle. Voici les qualités qui faisaient de la Librairie du Siam et des Colonies un lieu unique. L’heure est donc maintenant venue, pour tous ceux qui représentent la France en Thaïlande et dans la région, de s’interroger: comment poursuivre et honorer l’héritage de cette librairie – bibliothèque, trait d’union entre l’époque coloniale et aujourd’hui, dans le respect constant des cultures et des particularismes locaux.
Ne pas donner de leçons
La tentation permanente des observateurs occidentaux de l’Asie est de donner des leçons. De prendre la France ou l’Europe en référence. La librairie du Siam et des colonies ne tombait jamais dans ce piège. Il s’agissait, pour François Doré, de cultiver les souvenirs communs et d’être un « passeur de traces ». Nous sommes trop nombreux à oublier ceux qui nous ont précédé et à préférer faire table rase du passé. François revient en France. il sait que Gavroche est sa maison. Merci ! Et poursuivons, chacun selon nos moyens, cette œuvre de réconciliation historique indispensable.