Ce nom-là ne vous dit peut-être rien. En Thaïlande, en Malaisie ou en Indonésie, sans parler du Vietnam, les « jeepneys » n’existent pas. Mais en parler aux Philippines éveille, de suite, une infinie quantité de souvenirs. Les Jeepneys, dérivé des Jeeps américaines, sont ces véhicules chamarrés de transport collectif visibles partout dans les rues des villes de l’archipel. Leur carrosserie est un poème. la plupart invoquent Jésus. Certains retracent la carrière de tel ou tel héros hollywoodien. Les Jeepneys portent sur le métal la trace de l’imagerie populaire philippine. On retrouve-la bien des slogans catholiques, bien des incantations visibles aussi sur les bus en Afrique ou en Amérique Latine !
Or voilà que les Jeepneys risquent de disparaitre. Pour cause de pollution massive. L’ancien président Philippin Rodrigo Duterte avait initié le mouvement. Son successeur Ferdinand Marcos Jr, fils de l’ancien dictateur Marcos, maintient le cap. Adieu, ces véhicules bruyants, mais indispensables pour tous les Philippins qui n’ont pas les moyens d’un autre mode de transport. Les Jeepneys portaient la marque d’une époque révolue. Verra-t-on, demain, des Jeepneys électriques fabriqués par Tesla ou le constructeur vietnamien Vin Fast, futur géant asiatique ?
Tout n’est pourtant pas perdu pour les Jeepneys, dont les chauffeurs et les collecteurs d’argent constituaient jusque-là une clientèle facile à recruter pour les candidats à des postes électifs. Car les Philippines, de plus en plus en bute aux diktats chinois, se rapprochent à vitesse grand V de leur traditionnel protecteur américain. L’ironie veut donc que ces Jeepneys disparaissent alors que les Jeeps des GI’s vont refaire leur apparition dans des bases militaires américaines. Mais c’est une autre histoire…
Les jeepneys sont polluants, c’est évident ; les turbos de 550 cg et 44 tonnes qui roulent sur 22 roues à pneus, aussi ; mais ça, c’est bien.