Le 17 avril 1975, Phnom Penh tombait aux mains des Khmers rouges. La suite est tragiquement connue. Aveuglement de certaines élites européennes parfois acquises aux idéaux de la révolution communiste menée par Pol Pot, déportation massive des populations urbaines, mise en place d’un encadrement sans merci de millions de cambodgiens forcés de travailler dans les rizières….Il faut se souvenir de cette date car elle a façonné le Cambodge moderne. Les élites du pays furent détruites ou contraintes à l’exil. Une poignée de cadres khmers rouges exilés au Vietnam, dont l’actuel premier ministre Hun Sen, réussira à sauver sa peau puis à prendre le pouvoir quatre ans plus tard, à l’issue de l’invasion vietnamienne en janvier 1979.
Le Cambodge d’aujourd’hui est né sur ce champ de ruines idéologique, humain et économique. On ne peut pas l’oublier à l’heure de juger ce qui a été accompli depuis bientôt 50 ans. Bientôt, les nouvelles générations prendront le pouvoir. Mais dissiper le cauchemar Khmer Rouge prendra beaucoup de temps. Un seul dirigeant khmer rouge de premier plan est encore en vie : Khieu Samphan, né le 27 juillet 1931. Il reste interné à la prison du tribunal spécial du Cambodge, prés de Phnom Penh. Le 17 avril 1975 n’a pas encore, loin s’en faut, disparu de l’histoire contemporaine de ce pays d’Asie du Sud-Est.