Une information peut parfois dire beaucoup. La décision du gouvernement thaïlandais d’accélérer les pourparlers avec l’Union européenne en vue de la conclusion d’un accord de libre échange est, de ce point de vue, révélatrice. Longtemps, Bangkok a trainé des pieds, inquiet des conséquences pour son monde paysan. Mais voilà : il faut retrouver l’accès aux grands marchés. Or l’après pandémie sera plus compliqué encore…
La réalité est que la crise sanitaire mondiale a provoqué un choc économique majeur. Il n’est plus possible pour les gouvernements, en Europe comme aux États-Unis, d’ignorer les appels à une relocalisation industrielle. Et il n’est pas possible pour ces derniers non plus, malgré le duel politique entre Washington et Pékin, de se priver de l’accès au grand marché chinois.
Le résultat ? Des pays du sud est asiatique pris en étau. Certains, comme le Vietnam, peuvent aujourd’hui compter sur le soutien de la Corée du sud, du Japon et des États-Unis compte tenu de leur positionnement anti-chinois. D’autres, comme le Laos ou le Cambodge, sont déjà dans l’orbite de la Chine qui pourvoit leurs besoins d’infrastructures.
Des tigres aux crocs émoussés
Mais les autres ? Quid de l’Indonésie, de la Thaïlande, de la Malaisie ou des Philippines ? La question posée là est plus épineuse. Les «tigres» d’Asie du Sud-Est ont aujourd’hui les crocs émoussés. Leurs inégalités sociales s’aggravent. Leur marché n’est pas assez grand pour s’imposer vis à vis des puissances économiques occidentales. Pas facile de prédire l’avenir. Mais il est clair que le modèle suivi par ces puissances émergentes depuis vingt ans est en train de subir un sérieux coup d’arrêt…