La Thaïlande pays de droit romain est un “peu” extensif… Que des influences, comme pour le droit français qui appartient à la famille romano-germanique, existent dans le droit siamois certes. Il est nécessaire de rappeler que ces influences se sont déroulées dans le cadre de chocs culturels et coloniaux. Pour le Siam, à la fin du XIXème siècle, dans un contexte d’opposition entre deux puissances coloniales concurrentes. Cette situation a généré un renforcement du nationalisme siamois que le roi Rama V exprima dans une forme de “modernisation” qui est une forme d’occidentalisation. Son voyage en Europe (un premier, privé de 8 mois en 1897, pour rendre visite à ses fils étudiants en Angleterre puis à Strasbourg, la côte d’azur, Paris, puis, un peu plus tard, une deuxième officielle) joua certainement un rôle important dans la fascination de la technique liée à l’industrialisation et la nécessité – pour l’ensemble des opérateurs commerciaux – de s’insérer dans les relations commerciales en voie de mondialisation, surtout après la première guerre mondiale. Le Roi Rama V eut l’intelligence de la situation avant l’heure. La réforme des institutions et de l’ancien droit siamois est l’un des moments importants. Le choix est fait d’introduire de nombreux éléments du droit dans la rédaction de codes, civil, commercial, pénal, de procédure pénale et civile. Progressivement, un peu sur le modèle français, les éléments d’une justice administrative distincte avec une séparation de deux ordres de juridictions se mettent en place. L’évolution est d’autant plus notable que, dans un cadre monarchique, l’adage premier est que “le roi ne peut mal faire” (et que cet adage, bien que transposé dans un cadre républicain fût longtemps un obstacle à l’examen des actes de l’administration comme de la responsabilité de la puissance publique). Dans la modernisation siamoise, un juriste français Georges Padoux joua un rôle très important mais ce fut aussi le cas de juristes belges comme Gustave Rolin-Jaequemyns, Emile Jotterand, Charles Buls
Un approfondissement possible dans la lecture :
1- Jean Marcel et Patrick Binot. Siam d’hier, Thaïlande d’aujourd’hui , Ed Soukha, 2014, pages 165 à 196
2- Wanwisa SRIKRAJIB : “Vers la suppression de l’extraterritorialité au Siam : Le rôle des juristes français sous les règnes de RAMA V (1868-1910) et RAMA VI ( 1910-1925). Thèse INALCO 2017, 302 pages (accessible sur internet)
3- Vincent Genin. Le laboratoire belge du droit international. Une communauté épistémique et internationale de juristes (1869-1914). Revue d’histoire des sciences humaines N° 39, 1921

Suite aux émeutes suscitées par l’affaire Nahel, un adolescent français d’origine algérienne mort le 27 juin juin 2023 suite à un contrôle policier, les autorités algériennes, par la voix de leur ministre de Affaires étrangères se sont vivement inquiétées quant à la sécurité de leurs “ressortissants”. La question de déployer des forces de police algériennes sur le territoire français n’a pas été posée mais la mise en cause du rôle de la police nationale pourrait déboucher sur une offre de service. L’incapacité des forces de police nationale ne pourrait-elle pas conduire à considérer l’utilité de l’intervention de forces de police étrangère ? Le président Tebboune ne parle pas de “jeunes français d’origine algérienne”, mais de ses “ressortissants”. La France considère les descendants d’immigrés comme français, l’Algérie et le Maroc comme algériens et marocains. Il en résulte pour les immigrés une identité complexe et surtout contradictoire qui les conduit, dans des certaines circonstances, à revendiquer leur appartenance à leur pays d’origine. Alger et Rabat considèrent d’ailleurs que ces immigrés ne peuvent perdre leur nationalité d’origine, transmise par leurs parents. Quand assisterons nous à la revendication suivante : une nécessaire intervention des forces de police algériennes pour assurer une “vraie protection” de leurs “ressortissants” si les autorités françaises se révèlent incapables d’en assurer la sécurité ? L’offre chinoise concernant les seuls touristes qui semble prendre la forme d’une exigence de pouvoir extra-territorial pourrait offrir un modèle extensible… Observons que le droit chinois ne reconnait pas, sauf erreur, la double nationalité, mais qu’en est-il au delà du droit ? Un sino-thaï peut-il cesser d’être chinois ? au sens anthropologique, culturel, etc…

Ce phénomène existe probablement aussi en Europe. Mais les relations avec la Chine sont complexes. La Chine représente un quart de l’humanité est sa civilisation est cinq fois millénaire, Elle est dirigée aujourd’hui par un parti communiste, elle ne pardonne pas les guerres de l’opium et les traités inégaux : ça se comprend. Si elle est communiste aujourd’hui, c’est parce que le président Truman a refusé de faire la guerre à Mao Tse Toung. Il faut sans doute en être reconnaissant au président Truman, mais il faut en accepter les conséquences et avoir des relations amicales avec la Chine fut-elle communiste. Mais ce n’était pas une raison pour transférer an Chine communiste l’ensemble de l’économie occidentale, pour des raisons finalement sordides. Aujourd’hui on roule en voiture chinoise, en France comme en Thaïlande. L’occident et particulièrement son angélisme libéral et surtout mercantile, ne peut s’en prendre qu’a lui-même.

Quant au traites inégaux entre la France et la Thaïlande, ils honorent peu notre pays, en effet ; c’est le grand mérite de notre ministre Theophile Delcasse d’y avoir mis fin, et ce fut méritoire car le roi Rama V nourrissait la plus grande méfiance envers la France. Et quand eut lieu la normalisation, il fut convenu que la France apporterait son assistance dans la modernisation du droit thaïlandais, et c’est pourquoi le code civil et commercial thaïlandais de 1925, toujours en vigueur est d’origine française… La Thaïlande est un pays de droit romain… Le choc des cultures n’existe pas.. Il n’y a de choc qu’entre brutes.