Les lois thaïlandaises sont-elles faites pour être contournées ? Ces jours ci, deux tristes exemples sont à nouveau venus nous confirmer que oui, et ce n’est pas une bonne nouvelle.
Le premier exemple est celui de l’héritier de la marque Red Bull, Vorayuth “Boss” Yoovidhya, responsable de la mort d’un policier trainé sous les routes de sa Ferrari en 2012. Malgré la promesse du premier ministre Prayuth de laisser travailler la justice, celle-ci a trouvé le moyen de l’absoudre du délit de consommation de cocaïne. Peut on vraiment croire, dix ans après les faits, que l’intéressé, qui avait 27 ans en 2012, connaitra le sort que tant d’autres responsables d’actes similaires auraient connu ?
Le deuxième exemple est celui de l’incendie de la boite de nuit Mountain B à Sattahip, qui a causé la mort de 15 personnes. Il s’avère que celle-ci n’existait pas légalement. Les aveux de son gérant n’enlèvent rien aux complicités qui lui ont sans doute permis d’opérer ainsi pendant des années.
L’impunité est un mal qui ronge la société thaïlandaise. Un mal qui nourrit les colères et donne du Royaume une très mauvaise image à l’étranger. A l’heure où la Thaïlande mise tant sur le retour du tourisme, ces deux affaires sonnent comme les sinistres rappels d’une société toujours figée, où les juges ne sont pas dignes de confiance. A la veille d’une campagne électorale décisive, le gouvernement dominé par les militaires ferait bien de s’en préoccuper.
Toutes les lois de tous les pays sont faites pour être contournées ; il y a des avocats pour ça ; la Thaïlande n’échappe pas à la règle. Mais il y a la manière ; de ce point de vue, on ne devrait pas pouvoir lire que “Prayut “laisse” faire la justice ; il est par hypothèse supérieur et étranger à cela. Mais il est sans doute vrai que la Thaïlande devrait se doter d’un État – et donc d’une justice – plus fort.