Ce mardi 22 août, l’ancien premier ministre (2001-2006) et milliardaire Thaksin Shinawatra est revenu en Thaïlande après dix sept années d’exil. Les conditions de son retour font l’objet de multiples informations et commentaires. Mais là n’est, au fond, pas le sujet. Une seule question se pose : qui est, aujourd’hui, l’ancien magnat des télécommunications, officier de police sorti du rang pour devenir l’une des plus grandes fortunes d’Asie ? Est-il, comme beaucoup le craignent, un homme rongé par le désir de prendre sa revanche et de réinstaller coûte que coûte son clan familial à la tête du pays ? Ou revient-il pour jouer le rôle de « sage », en incitant ses partisans à défendre la modernisation démocratique du royaume, en tenant compte de la jeunesse urbaine acquise au parti Move Forward, vainqueur des récentes élections législatives ?
Gavroche n’a pas d’opinion sur le sujet. Gavroche attend de voir. Il faut admettre que s’il revient sans chercher, d’emblée, à retrouver les allées du pouvoir au prix des pires compromissions, Thaksin Shinawatra peut contribuer positivement à la donne politique actuelle. Le milliardaire dispose d’un solide réseau international. Il a, dans le passé, bataillé contre l’establishment militaire qui a fini par le renverser. Il est donc équipé pour parler à tous ceux qui veulent voir le royaume changer et s’arrimer dans le camp des démocraties, même imparfaites.
A l’inverse, le pire serait que Thaksin Shinawatra s’empresse de trahir tous ceux qui l’ont soutenu, en ayant pour seul souci de retrouver son rang, et de défendre son clan envers et contre tous, avec pour seul but la recherche de profits économiques et politiques. Dans ce cas, sa trahison pèserait lourd et ne ferait qu’alimenter la thèse de tous ceux qui voient en lui un homme d’affaires vorace, acquis aux intérêts chinois comme son ami Hun Sen au Cambodge. Lequel l’avait récemment convié à son anniversaire à Phnom Penh.
Thaksin Shinawatra a des devoirs vis-à-vis des Thaïlandais qui ont cru en lui. Il doit aussi accepter de passer sous les fourches caudines de la justice. Son retour sera le miroir de son caractère, de ses intentions, et de sa stature ou non d’homme politique de premier plan.
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Au même jour, ici, en Thaïlande, le retour du “père”, fondateur et pilier de dynastie ; là , au Cambodge, succession du fils au “père” afin d’assurer la continuation dynastique. Il se trouve que les deux dynasties entretiennent des liens étroits de “fraternité”. Ici et là, le champagne chinois va couler à flots…