Le 23 octobre 1991, la paix revenait enfin sur le sol de l’un des plus souriants royaumes d’Asie du Sud-Est. L’accord de paix de Paris sur le Cambodge, en partie négocié en Thaïlande ouvrait la voie à l’intervention de l’ONU, une première dans l’histoire des Nations unies, puis à des élections libres. On connait la suite. Inutile de le rappeler ici. Mais posons nous la question trente ans après, à la veille du sommet de l’ASEAN qui se tiendra du 26 au 28 octobre : à quoi ressemblera le Cambodge à l’avenir ? Et peut-on juger la paix qui, de facto, est revenue sur ce territoire à l’issue de l’accord de Paris ?
Il faut avoir le courage de le redire, trente ans après, à l’heure où les commentateurs déplorent à juste titre le manque de liberté au Cambodge et la main mise de Hun Sen et de sa famille sur le pays : la cessation des combats, le retour des centaines de milliers de personnes déplacées, la reprise d’une vie normale vaut toutes les concessions. La démocratisation, c’est vrai, n’a pas suivi le cours espéré par les négociateurs occidentaux des accords de Paris. La férule chinoise est partout visible au Cambodge. mais les Cambodgiens ont réappris à conjuguer l’avenir. C’est une réalité.
Gavroche, petit observateur tombé dans le ruisseau, sait que ces trente années ont été aussi marquées par une corruption endémique, par des abus de pouvoirs récurrents, par une fuite en avant pro chinoise. Ayons toutefois le courage de redire que le Cambodge appartient…aux Cambodgiens. Ce n’est pas une consolation. Mais le pire serait, trente ans après, de regretter cette paix qui, le 23 octobre 1991, a rallumé une lumière d’espoir dans l’histoire récente de l’ex royaume d’Angkor.