La prochaine visite du président français en Chine, du 5 au 7 novembre, apportera des signes indicateurs précieux sur la nature de la relation entre Emmanuel Macron et l’Asie, quelques jours après le sommet de l’ASEAN à Bangkok du 31 octobre au 4 novembre. Nous avions annoncé dans Gavroche, sur la base d’informations à l’époque crédibles, que le Chef de l’État pourrait transiter par la capitale thaïlandaise. Les programmes ont ensuite changé, et cette information s’est avérée erronée. Mea-culpa à nos lecteurs. Mais la question demeure posée: quel rapport Emmanuel Macron entretient-il avec cette partie du monde où il devrait revenir en avril 2020, pour le sommet Shangri La sur la sécurité de Singapour ?
Nous retiendrons à ce stade plusieurs éléments pour tenter de répondre à cette interrogation.
Premier point: Emmanuel Macron n’entend pas laisser l’Europe absente de la région. Il sait que la France accuse un retard économique vis à vis de l’Allemagne en extrême Orient et il espère le combler en misant sur l’attractivité française. Le calcul est simple: puisque la France ne produit plus guère à l’exportation, sauf dans le secteur du luxe et de la défense, attirons dans l’hexagone les investisseurs asiatiques !
Attention, droits de l’homme
Second point: Emmanuel Macron ne veut pas se laisser déboussoler par les questions de droits de l’homme qu’il se doit néanmoins de prendre en compte. En Chine, chacune de ses formules sera donc scrutée vu le problème de Hong Kong. L’idée centrale, à l’Élysée, est que l’Asie est désormais dans une situation de maturité politique et que l’Europe n’a plus les moyens d’assumer ses leçons en matière de liberté. Il faut donc trouver une sorte de mi chemin entre le silence et les protestations.
Diplomatie économique
Troisième élément: la diplomatie économique version Emmanuel Macron doit impérativement viser les jeunes générations. Le point d’orgue est évidemment le secteur numérique et les innovations dans ce domaine. Le président français redoute l’étau digital Chine – États-Unis.
L’Asie n’est pas le continent de cœur d’Emmanuel Macron. Il est plutôt, pour lui, le continent de la raison économique. C’est là que le modèle européen continue de séduire. Reste, dans les élites régionales, à trouver les bons relais pour que cette offensive macronienne se traduise dans les faits…
